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454               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
   « Le premier numéro, dit-il, est une violente provocation
au meurtre et à l'assassinat de toutes les personnes qui eurent
un emploi public à la suite du siège. » M. Gonon est dans
l'erreur. Le premier numéro contient, en effet, une violente pro-
vocation, mais contre un seul homme, contre Collot-d'Herbois,
l'épouvantable assassin de nos pères.
   Nous n'avons point à excuser Pékin ; nous savons que le
pardon est écrit dans la loi humaine comme dans la loi di-
vine, mais nous savons aussi que toute action est suivie de réac-
tion, que tout crime attire un châtiment, que toute victime ap-
pelle un vengeur ; qu'on n'aurait pas eu les Chouans sans la
Convention, Trestaillon sans Robespierre. Que nos lecteurs
veuillent bien penser un instant au sang qui venait de couler
à Lyon, à nos monuments détruits, au commerce anéanti, à
la guillotine en permanence, au canon qui mitraillait aux Brot-
teaux, à tant de victimes égorgées, dont les parents, les enfants,
les amis vivaient encore, qu'on amasse tous les malheurs de no-
tre cité, qu'on les personnifie dans un seul homme, et l'on sera
peut-être moins surpris et moins indigné de lire cet article écrit
 au lendemain de la Terreur :
               « COLLOT-D'HERBOIS. — Cris de vengeance.
   « Lyonnois, vous dormez, et Collot respire encore ! et il est encore incertain
si le sang de ce monstre satisfaira par la hache de la justice, aux mânes de
vos parents, de vos amis, des nombreuses victimes de sa barbarie ! Vous dor-
mez, et la horde féroce de ses satellites veille au milieu de vous, prête, au
premier signal, à vous assassiner de nouveau, veille auprès de son chef pour
le dérober au trop juste supplice qui l'attend, et le rendre au libre exercice
de ses affreux massacres ! Vous dormez ! le tigre, dans la cage de fer où il est
peut-être maintenant renfermé, n'a pas renoncé à la proie qui lui est échappée.
   « ... Lyonnois, sortez de la terre des vivants, ou ne survivez à vos pères,
à vos enfants égorgés, que pour poursuivre le pontife, l'hiérophante barbare
qui, pour honorer une divinité aussi barbare que lui, Chalier, a commandé
des milliers d'exécrables sacrifices. Collot, l'abominable Collot, vous auroit-
il été jusqu'au désir de son châtiment, ou jusqu'à la pensée de la justice
et de la nécessité de son supplice?...
   « Nous voici sur la place où commencèrent les féroces exécutions, sur la
place de la Liberté. L'instrument fatal étoit là, là d'où, par un mouvement