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426 THOMAS RIBOUD
Dans ce discours divisé en deux parties, il était apprécié d'une
part comme avocat, et de l'autre comme littérateur. Sa modestie,
son savoir, sa manière de plaider étaient longuement exaltés ;
son talent poétique était ainsi défini : « On ne peut lui contester
une facilité extraordinaire dans la versification et un goût sûr
dans l'ordonnance de ses ouvrages. À cette mollesse harmonieuse
qui donne aux vers le coulant de la prose, il unit ce don pré-
cieux sans lequel il n'est point de poète, cette vive imagination
qui crée les sujets, colore les objets et les assujettit aux formes
qu'elle désire » Enfin, pour mieux exprimer la perte qu'é-
prouvait la Société par son départ, Geoffroy proposait à ses con-
frères de conserver dans leur rang une place vide et respectée,
comme avaient fait les Crotoniates pour le soldat Milon. Thomas
Riboud aspira sans doute avec plaisir cette bouffée d'encens ;
mais il n'en fut pas enivré » La postérité, répondit-il gai-
ment, se vengera sur ma mémoire des louanges prématurées que
j'aurai reçues Tu aurais dû, en ami, m'éviter un pareil
désagrément. Mort ou vivant, j'aimerai toujours la paix, et je
serais toujours charmé de n'avoir rien à démêler avec un tribunal
aussi sévère que la postérité.
« Que peut-on trouver de plus énergique que cette inscription
mise au bas de la statue équestre de Louis XIV à Montpellier .-
Ludovico XIV post mortem. Hélas ! que n'as-tu été dans cette
ville, non pas pour y puiser la santé ou la mort dans la piscine
de la Faculté ; mais pour y lire cette excellente inscription ! Elle
t'aurait appris que les éloges donnés aux vivants sont toujours
suspects parce qu'ils sont le fruit de l'adulation, de l'intérêt ou
d'une admiration peu fondée. »
Dans les derniers temps de son séjour à Lyon, Thomas Riboud
avait songé au mariage. Les négociations entamées continuèrent
après son départ et, le 21 avril 1781, il s'unit dans cette ville Ã
Marie-Catherine Rocoffort.
Quelques mois avant qu'il fût père, ses amis de la Société
littéraire lui envoyèrent un choix de noms de baptême pour
l'enfant qui allait naître. Le nom qu'Os recommandaient avec le
plus de complaisance était celui de Palsaimir qu'ils avaient