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 158                 EXPOSITION UNIVERSELLE.
 mense et brillante cathédrale la longue procession des peuples
 du monde entier, venant communiquer par l'industrie, les arts
 et la science. Que diraient les Richard, les Godefroy, lesSaladin,
^ de ce pacifique et fécond tournoi des peuples de l'Islam et de
 ceux du Christ, de cette croisade vraiment sainte, non de l'Occi-
 dent contre l'Orient, mais de l'humanité tout entière pour assu-
 jétir la nature ?
    Jusqu'à nos jours, les individus comme les nations, malgré
 l'apparition du christianisme, malgré sa sublime prédication de
 fraternité humaine, n'ont su se réunir et s'associer que pour le
 combat, pour l'attaque ou la défense , toujours dans le but de
 détruire un rival, un concurrent, un ennemi. Que de larmes, de
 sang et de ruines ont coûté au monde les Croisades, le seul grand
 fait qui ait pu réunir dans un même camp les nations chrétiennes
 de tous climats et de toutes langues !
    Eh bien ! voici que la paix et ses puissants agents, le travail,
 le bien - être, la vapeur, l'électricité , ont si bien et si vite pré-
 paré et mûri le monde, que pour convier toutes les nations qui
  couvrent la terre à envoyer à ce congrès-bazar universel, à ce
 camp du Drap d'or, à cette féerique cathédrale de cristal, non-
  seulement leurs plus somptueuses richesses, mais aussi l'élite
  de leurs laborieux enfants, Dieu n'a pas eu besoin de susciter un
 Pierre-l'Hermite soufflant dans les âmes l'ardeur des combats ; il
 lui a suffi d'inspirer au peuple le plus réalisateur du monde la vo-
 lonté de créer le symbole des fécondes aspirations de notre siècle.
    Notre chère France avait bien eu, comme toujours, l'initiative
 de cette grande et généreuse pensée du congrès universel des
 peuples ; mais, comme toujours aussi, elle s'est laissé enlever la
 gloire de réaliser la première cette pensée, par la nation essen-
 tiellement pratique, par l'Angleterre.
    Sainte rivalité des deux grands peuples qui président en ce
 moment aux destinées du monde ! L'un est l'inspirateur, l'autre
 le réalisateur des grandes œuvres dont l'humanité entière re-
 cueille les bénéfices. Que dirait donc l'empereur Napoléon, en
 voyant cette rivalité des deux peuples se manifester d'une telle
 manière, lui qui l'avait traduite par le système continental ? Que