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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 89 mesure qu'elle se développait, laissant à la foi et au génie le soin d'y retrouver la marche et l'unité providentielles qui sont le secret de celui qui embrasse le passé, le présent et l'avenir, dans son éternité toujours active. On se prend à regretter les bons et solides travaux des communautés savantes, et l'on se demande ce qu'auraient fait ces infatigables explorateurs de nos archives nationales, si la critique historique, les sources nouvelles qui se sout produites, les relations faciles de peuple à peuple les eussent mis en possession des connaissances qui nous sont acquises aujourd'hui et dont nous faisons un bien triste emploi. Eu résumé, l'écrivain sage et consciencieux qui se dévoue à la tâche honorable de rétablir la vérité historique dans toute son intégrité, l'écrivain qui a la prétention d'être utile et sincère, d'élever un monument durable à la gloire de son pays, cet écrivain doit commencer par chasser du temple, où ils se sont introduits, tous les vendeurs de fausse science : soit les rêveurs de bonne foi qui demandent à la cabale, aux nombres et aux traditions de l'Orient, les explications fantastiques d'un symbolisme imaginaire ; soit les industriels qui exploitent nos annales, à la façon des Cicérone,dans l'intérêt de de leur vanité et de leur bourse ; soit encore ces esprits superficiels et téméraires, ces compilateurs, toujours en haleine , toujours prêts à écrire de omni re scibili qui, professant un égal mépris pour les droits de la vérité et pour ceux de l'honnêteté, puisent à toutes sources, prennent de toutes mains, sans scrupule comme sans discernement, et mêlent ensemble, dans leurs élucubrations, les doctrines les plus inconciliables, les systèmes les plus opposés. Que si, par respect pour soi-même ou pour le lecteur, on ne veut pas leur infliger en public le châtiment qu'ils mériteut, il faut au moins jeter, une fois pour toutes, à leurs œuvres ce sublime mépris du Dante : Non ragionar di loro, ma guarda e passa ! L'auteur des Origines Dijonnaises, s'est nettement placé sur ce terrain. Sans se préoccuper du nombre ni de la qualité des adversaires qu'il devait rencontrer dans la" rude croisade qu'il entreprenait, en faveur de la vérité historique méconnue ou altérée, il a poursuivi, avec une franchise digne des plus grands éloges, avec une liberté pleine et entière, mais aussi avec une critique toujours sûre d'elle même, avec une science positive et pratique, la réhabilitation des faits et des documents sur lesquels repose la première période des annales de son pays. M. de Bellogueta divisé son travail en une série de neuf questions, véritables problêmes d'archéo- logie et d'histoire, qn'il a traitées avec une grande netteté, une remarquable érudition et un enchaînement de preuves et de démonstrations qui ne laisseront plus, aux erreurs populaires et aux préjugés d'école, la moindre