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BÉRANGER ET PIERRE DUPONT. 77 Le cheval noir devient un blanc squelette, Le vieux pommier croula sous un éclair, Et de Belzébuth la grande silhouette, En long serpent, s'évanouit dans l'air, Le monde échappe à la torture Du pouvoir infernal, Le bien a terrassé le mal, Et, de son sein, la clémente nature Répand l'amour sur toute créature : De la montagne au fond du val. Cette partie légendaire de l'œuvre de M. Dupont, n'est pas dépourvue d'originalité. Notre littérature est si pauvre en légendes ! on peut même dire que cette fleur littéraire, abon- dante chez les autres peuples, n'a jamais pu s'acclimater chez nous. Quelques essais, en ce genre, ont été tentés sous la Res- tauration ; mais de toutes ces ballades, de toutes ces légendes, il n'est rien resté ; l'esprit français répugne trop au merveilleux, il aime trop la clarté et la précision, pour se prêter à cette fantasmagorie ; idéalisons la vérité, c'est le but, c'est la condi- tion nécessaire de l'art; mais ne cherchons pas à créer un monde fantatisque à côté du monde réel. A ces ballades, je préfère de beaucoup le Noël des Paysans. Au moins, nous restons là sur la terre, et, quand le poète, après nous avoir doucement ému, s'écrie.- J'entends un amoureux qui dit Cette nuit le rossignol chante ; La rose a fleuri cette nuit.... Nous oublions que nous sommes en plein hiver, nous gra- vissons sans peine la pente idéale ; et cette rose et ce rossignol rencontrés ainsi au milieu des neiges, nous charment encore davantage .- Allons, rentrons, car il grésille, Dit un vieillard en grelottant : La bûche de Noël pétille Et le réveillon nous attend. Respectons la vieille coutume, Mes beaux amoureux, buvez frais,