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484                       ARCHÉOLOGIE.
château d'Ecouen, daté de 1842, le carrelage bressan peut être
considéré comme l'un des plus anciens monuments de ce genre
que nous ayons en France. Il est recouvert d'une glaçure à base
d'étain qui le range parmi les majolica. De plus, c'est une œuvre
française, non italienne, comme on pourrait le supposer à la
première vue et ainsi que l'ont écrit plusieurs auteurs. Conçue
et exécutée sous l'empire des idées nouvelles nées au souffle
fécond de la Renaissance, elle montre à quel point les tendances
ornementales de l'école italienne avaient modifié, en France, le
style décoratif en honneur pendant l'ère ogivale. A ce point de
vue, c'est une page d'art originale, unique peut-être.
   Deux hommes, selon nous, ont collaboré à sa création : Jehan
Perréal et François de Canarin. C'est au premier, seul et vérita-
ble auteur des plans et dessins du monument qui nous occupe,
de sa pourlraicture, comme on disait alors, que l'on doit attri-
buer la conception du pavage, au moins dans sou ordonnance
générale et dans la majeure partie des détails. La main de Perréal
se trahit non-seulement dans le trait sobre et correct, quelque
peu gothique, des figures, mais surtout dans les entrelacs circu-
laires formés de branchages feuilles qui servent de cadre à l'or-
nementation. Ces détails, par l'inspiration, ne relèvent-ils pas
directement du style ogival tertiaire ? Malgré ses fréquents voya-
ges dans la patrie de Raphaël et de Léonard de Vinci, et bien
qu'il eût modifié sa manière au contact des maîtres italiens, le
 peintre de Charles VIII, de Louis XII et d'Anne de Bretagne ne
 dépouilla jamais complètement le vieil homme : il se souvint
toujours des principes qui avaient dirigé ses premiers pas dans
la carrière artistique !
   Quant à François de Canarin, un ancien manuscrit ci £épa
M. Jules Baux (Histoire de Brou) le désigne comme ayant exé-
 cuté ce travail : c'est le potier, l'esmailleur en terre ou le bri-
quetier , comme l'on voudra. La distinction professionnelle n'a
pas d'importance, appliquée aux artisans habiles qui pratiquaient
 'art de terre en ces temps reculés. A juger de la main d'oeuvre,
iFrançois de Canarin est Français ; nous l'admettrons du moins
comme tel jusqu'à preuve du contraire. On sait d'ailleurs que