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/ CONSTANCE DATMER. 241 délersina à s'y retirer, tandis que Lollier devait faire un der- nier voyage à la recherche de son acte de naissance et de sa for- tune plus introuvable encore. Cette démarche irréfléchie, a été la faute décisive. Parti ou non, (Constance même en doute au- jourd'hui,) Lollier revint, deux ou trois jours après, dans l'ap- partement dont il avait payé là location, les agencemenls et le mobilier. M. le conseiller Berlioz, qui a tant vu de ces tristes liis-. toires, dit que cette trame honorerait ou plutôt flétrirait l'habi- leté d'un chef de brigands. Vous devinez ce qui a suivi dans ce déplorable ménage. On a mangé les économies de Con'stance et ce qu'elle a pu gagner en travaillant, par-ci par-là . Plus rien ne, restant, ce qui s'est trouvé juste à l'arrivée de l'hiver et Constance étant enceinte, (il faut bien tout dire, elle le veut,) Lollier a disparu. Avec lui s'évanouissait le mirage conjugal, qu'il n'avait cessé de faire luire à ses yeux,, en lui disantnotainment qu'il avait engagé un pro- cès à Chambéry pour se faire créer un acte de naissance. Folle de douleur, mais se rattachant à cette fable, avec la crédulité du désespoir, Constance a vendu ce qui lui appartenait, s'est mise en route et est venue à Chambéry. Mal vêtue, mal logée en son voyage, elle a pris la maladie qui l'emporta en un mois. Après m'èlre fait reconnaître de notre pauvre sœur avec tou- tes sortes de ménagements, j'ai recueilli tout doucement le se- cret de sa faute et de ses dernières espérances. Pour elle, pour nous, surtout pour son enfant qui pouvait vivre, elle poursuivait avec ardeur l'idée de devenir l'épouse de Lollier. Je lui proposai de consulter sur sa situation M. le président de la Société du mariage des pauvres, sous le patronage de Saint-François Régis, avec laquelle ^la maison a souvent affaire pour les mariages in . extremis. Cette Société s'occupe aussi du placement de toutes les sortes d'employés. M. le conseiller Berlioz, qui est aussi habile pour le bien que certains hommes pour le mal, exploite souvent l'une de ces deux branches au profit de l'autre. Par bonheur, Lollier était en Savoie, dénué de travail et de ressources 5 il vint avec empressement ; mais il se montra embarrassé et mal disposé en 16