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236                    CONSTANCE DAYMER.



                         LETTRE XXV.

            D'Isidore Lçllier h Constance Daymer.

                                    Lyon, le 2 mai 1866.
          Ma chère Constance,
    N'aimant pas à me présenter chez Mme Mallevai, je t'envoie
 ces deux mots, pour conclure, après notre entretien d'hier soir.
 Depuis que je suis sorti de chez Pellerin, dont je n'ai pas voulu
voir le successeur par la délicatesse que tu as appréciée, je n'ai
 pas cessé de courir. J'ai cherché des locations de magasin en-
 core ce matin. J'ai vu aussi une personne qui mettrait de "l'ar-
 gent. Tu verras tout cela par toi-même.
    En attendant, puisque le retard des papiers ne permet pas
que nous soyons mariés avant que tu quittes ta place, ou vas-tu
aller quand Mme Malleval fermera la maison ? Je ne veux pas que
tu le montres dans un hôtel. Ta beauté t'y ferait trop remar ^
quer et tu n'as pas l'idée des danger3 que courent les femmes
dans ces endroits-là. Nous sommes en froid avec Angèle Pomard
 et tu ne peux lui demander de loger chez elle. Tu n'as donc pas
d'autre parti que de prendre, la première, possession de l'appar-
tement qui est prêt. Il est à toi aussi bien qu'à moi ; et, en face
des preuves de discrétion que je t'ai continuellement données
depuis que nous sommes en connaissance, je ne suppose pas que
tu puisses t'inquiéter de loger sous mon toit avant le mariage. Je
garde ma triste chambre de garçon jusqu'au 6 courant et alors
je partirai pour la Savoie. Je ne reviendrai qu'avec mes pièces,
pour devenir ton heureux mari. Prends donc possession bien
tranquillement. Tu es chez toi, non chez moi. „

                                   Ton amoureux : ISIDORE.