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230                   CONSTANCE DAYJIER.


                         LETTBE XXI.

           D'Isidore Lollier à Constance Daymer.

                              La Balme (Isère), 12 mars 66.
          Ma chère amie,
  J'ai couru comme un fou depuis que j'ai quitté Lyon, pour
satisfaire ton.impatience. Tu peux croire, si grande qu'elle soit,
qu'elle est loin d'égaler la mienne. J'ai vécu depuis quatre ans
bien isolé à Lyon. Le mariage, auquel tu as promis si gracieu-
sement ton consentement, va changer ma destinée. Quel
bonheur d'avoir une chambre où l'on apercevra de la lumière,
du bas de l'escalier, où l'on trouvera un bon foyer tout prêt en
hiver et des fleurs avec du vin frais en été ! Crois-moi, les
grandes affaires auxquelles j'avais songé d'abord, ne sont pas
nécessaires.
           Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux.
   Pour avoir un magasin plus modeste, nous n'en aurons pas
moins une fortune assurée et cela nous laissera mieux le temps
d'être l'un à l'autre. J'aimerais mieux garder mes propriétés
pour ma future famille et emprunter dessus le moins possible.
Pour les vendre sans perte, d'ailleurs, comme je te l'ai expli-
qué, il faudrait suivre un procès en partage au tribunal de
Chambéry et cela nous reporterait à un an. Commençons donc
immédiatement un commerce plus modeste, mais qui nous per-
mettra d'être plus tôt mariés. Ensuite, venant les bénéfices,
nous créerons, si tu y tiens toujours, l'établissement monstre
qui doit couler Pellerin. Si tu le veux aussi, nous nous associe-
rions avec Angèle Ppmard, pour tenir les coiffures de fleurs. Je
n'en suis pas enchanté. Angèle ne se conduit pas bien ; si tu
veux passer là-dessus, je n'ai pas le droit d'être bien rigoureux;
mais on s'entend bien mieux à deux qu'à trois. Après cela,
comme elle a de l'argent, cela ferait bien pour parer aux frais
d'agencement. Le plus pressé, c'est notre appartement. Tu sais