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136 II. L'ABBÉ G1ROD0N. même Faculté en 1865, professeur de première classe en 1861, chevalier de la Légion d'honneur en 1870, officier de l'instruction publique en 1872 ; et la mort est venue brus- • quement, comme un larron, l'arrêter dans sa marche ascendante!!! Et ne devrions-nous pas, comme corollaire, ajouter ici la liste des diplômes que lui adressaient successivement- aussi les Sociétés savantes, fières de. s'adjoindre un col- lègue aussi distingué; et celle des Sociétés ou religieuses ou de bienfaisance, heureuses de se ménager son concours efficace ? Attentif à remplir consciencieusement sa tâche ici-bas, il se faisait un scrupule religieux déporter dans toutes ses fonctions, celle surtout d'examinateur, fonction si redoutée de la jeunesse studieuse, un tel esprit de justice uni à tant de bonté, que l'on acceptait ses jugements sans mur- murer. Nulle question afférente à l'instruction, comme B l'éducation publique ou privée, ne lui était indifférente ; et il apportait a leur solution un zèle toujours égal, dirigé par une expérience consommée et un désintéressement sans borne. Donnait-il une leçon particulière, il le faisait si ingé- nieusement et avec tant d'aménité, qu'il savait faire aimer la science qu'il enseignait. Naturellement simple et modeste , quoique doué d'une finesse exquise, d'une grande énergie morale et d'un esprit prompt à la réplique, il n'essaya jamais de se ménager aux dépens d'autrui le plus petit succès d'amour-propre. Et, sans les insignes de ses charges, le plus humble même de ses interlocuteurs n'eût pu se douter qu'il s'entretenait avec un savant de premier ordre. L'hébreu, le grec et le latin lui étaient aussi familiers que sa langue maternelle. Sciences, lettres et arts, il avait tout fouillé laborieusement et fructueusement. Homme de goût, autant pour le moins que de science, il était parvenu à embellir à peu de frais une modeste habitation, située rue de Crémieux, où il consacrait à la culture des fleurs et à l'étude de la botanique en général le peu de loisirs que lui laissaient ses trop nombreuses occupations. Et cependant, excellent prêtre avant tout et homme du devoir autant qu'homme de cœur, il a toujours su trouver le temps de venir en aide, clandestinement, soit par ses conseils et ses encouragemenfs affectueux, soit par ses propres économies, aux misères imméritées et aux souf- frances cachées qui l'entouraient ou que des âmes compa- tissantes se faisaient un bonheur de lui signaler. Ainsi a-t-il vécu et est-il mort en faisant le bien . Transiit 6e- nefaciendo. Dr J.-A. GÉRARD. Lyon, ce 14 août 1873.