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142 ETIENNE-FRANÇOIS COIGNET. né à Saint-Chamond le 12 prairial an vi. On était encore en pleine révolution. Il ne fit que des études passables, l'esprit du moment n'était pas aux réflexions sérieuses, aux pensées profondes. Causeur aimable, plein de finesse et de verve, chansonnier recherché dans les salons, il rachetait, par un vernis bril- lant, les lacunes que la société d'alors n'apercevait pas. La légèreté française, la raillerie gauloise avaient fleuri au milieu de nos grandes guerres ; il était au niveau de tous par le savoir; à la tête de la plupart par son aimable et gracieux talent.' A cette époque, un couplet bien tourné suffisait pour être couvert d'applaudissements dans les salons et illustré dans les journaux. On se fait difficile- ment l'idée aujourd'hui de l'activité littéraire qui régnait alors. La Restauration, en ramenant la paix, avait donné le goût de la littérature et des arts; le règne d'Auguste avait remplacé l'ère de César, on se jetait volontiers dans une carrière qui donnait une gloire sans danger. Coignet fut un des plus ardents dans la pacifique mêlée. Un poème dithyrambique sur le Siège de Lyon, cou- ronné par l'Académie de notre ville, le 31 août 1825, fut son début dans la carrière poétique. Ce premier pas le plaça haut dans l'estime des connaisseurs si nombreux dans notre ville. Les vers étaient harmonieux et coulants, l'intérêt vif et les scènes variées. II fut décidé dans tous les salons-que le jeune poète avait un brillant avenir, et on s'empressa autour de son œuvre; les journaux la dis- cutèrent. Coignet fut attaqué, loué, prôné, porté aux nues et salué, enfin, comme un des jeûnes hommes en qui on devait voir l'espoir de notre littérature. Une première édition, imprimée chez Durand et Perrin, in-8, 40 pages, fut si vite enlevée que, dès la même année, une seconde fut nécessaire. Cette seconde édition, aug- mentée de notes, parut en in-18 de 162 pages. Le 4 septembre 1828, l'Académie de Lyon couronna un