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312                   TRAITRE OU HÉROS?

place au brillant el joyeux cortège d'une noce, qui s'avançait
avec tout l'appareil usité dans le pays, en pareille circonstance
et rehaussé de l'éclat que proie la fortune. Antonio Montalva
conduisait à l'autel la charmante et riche héritière de l'une
des maisons de robe les plus distinguées et les plus consi-
dérées de l'île, accompagné d'une nombreuse suite de parents
et d'amis.
    Une heure plus tard, le prêtre avait béni les époux, la cé-
rémonie religieuse était terminée et l'heureux couple, après
avoir reçu, dans l'enceinte même du temple, les félicitations
d'usage, apparut sous le péristyle de la vieille cathédrale.
    A l'aspect de tant de jeunesse,de tant debeauléet de tant de
grâce, un flatteur et long murmure s'éleva de la foule ravie.
    Antonio répondit à cet accueil par un regard qui semblait
à la fois sourire aux promesses maintenant assurées de l'ave-
nir qu'avait poursuivi sou ambition, el aux promesses plus
douces qui rayonnaient pour lui sur le front el dans les yeux
de sa noble et belle compagne.
    Il tenait la main de celle-ci dans sa main et tous deux al-
laient descendre la première marche du seuil d'où tous deux
ensemble venaient de saluer le public, quand, toul à coup,
éclate comme un coup de foudre la détonation d'une arme a
 feu. Antonio laisse échapper la main de sa jeune femme, tour-
 ne sur lui-môme et lombe ; il était mort : une balle venait de
lui traverser le rceur.
    A quelques pas de là, la foule, comme frappée elle-même,
 livrait silencieusement passage et sans songer à lui opposer
aucun obslacle, à un homme armé d'une carabine encore fu-
mante et qui s'éloignait grave el fier, sans précipitation et
 sans trouble, comme s'il fût venu d'obéir à un devoir dans
 l'accomplissement duquel il se sentait également soulenu par
 sa conscience et la sympathie publique. C'était Ephisio Mali—
 pierri.