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60               DE L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE

   C'est partout un sentiment artistique, profond et délicat,
 uni a une verve d'imagination e'tonnante.
   On ne s'éloigne qu'a regret de ces longues fenêtres effilées,
légères, qui ajoutent tant a l'élancement des lignes de
l'abside et qui donnent tant de vie a l'intérieur du monu-
ment, par la riche lumière de leurs vitraux empourprés ;
 on aime encore a ramener son regard, une dernière fois,
 sur ces fines colonnettes au jet hardi, et dont les chapiteaux
feuillages disposés en ligne circulaire, paraissent comme les
fleurons d'une immense couronne autour du rond-point.
   Ce n'est pas une main de copiste qui a dessiné ces belles
stalles , surmontées de dais sculptés où s'épanouit une
luxuriante ornementation, — qui a donne a ces corps de chi-
mères et à ces figures grotesques accroupies contre les
accoudoirs, cette vérité d'anatomie et d'expression que les
imagiers du XVe siècle rie désavoueraient pas. Il n'y avait
que le génie inspiré par de sérieuses et complètes études qui
pût rendre, avec autant de bonheur, la physionomie d'un
art qui nous était l'esté si longtemps étranger et dont nous
avions perdu de vue les véritables traditions.
   Cependant, au milieu de ces merveilles d'art, on en vient
à regretter que ces magnifiques boiseries se détachent
insolitement dans le vide d'une grande arcade ouverte sur
les chapelles absidales, au lieu de reposer entièrement sur
un mur plein; il nous semble en effet que, dans ce dernier
cas, l'harmonie générale eût été plus complète.
   Quoique cette disposition de plan se retrouve assez fré-
quemment dans la plupart de nos vieilles églises, et notam-
ment dans notre cathédrale, nous avouons humblement que
nous n'en avons jamais bien compris l'utilité réelle. Nous ne
nous rendons pas bien compte de la nécessité de ces deux ou-
vertures qui, dans aucun cas, ne peuvent rester libres et que
l'on est toujours obligé de fermer d'une manière quelconque.