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MATTHIEU BONAFOUS. 383 bouclés a la Franklin flottaient légèrement sur ses épaules. Sa généreuse philanthropie n'attendit pas les tristes ensei- gnements de l'expérience pour venir en aide à l'humanité souffrante. En 1820, c'est a dire à peine âgé de 26 ans, il fit établir pendant l'hiver, dans ses appartements, un chauffoir pour les pauvres, auxquels il distribuait des vivres. En 1837, il fit élever chez lui pendant quatre années un jeune homme de seize ans, Victor Chaptal, fils du célèbre chimiste son ami, ancien ministre de Napoléon I e , et dont la famille avait été cruellement éprouvée par des revers de fortune. Il soigna l'éducation du jeune peintre Mècco jusqu'à l'âge de 18 ans, à Turin, puis l'envoya et l'entretint à Rome jus- qu'à l'achèvement de ses études artistiques. Il constitua une dot à une jeune fille qu'il fit admettre au couvent d'Ivrée. Il fit entrer dans un séminaire en Piémont, l'abbé Osinari auquel il accorda une pension annuelle de 300 fr. Il garda longtemps dans ses foyers, d'abord Prospère Rassat qui s'accupait de littérature en 1830 ; ensuite Félix Rassat son frère, peintre de fleurs, qui pendant douze années partagea son existence et l'aida dans ses différentes compo- sitions. Il faisait une pension a une pauvre veuve de 80 ans, lyon- naise et aveugle. —Un jour, en 1848 a son retour de Paris, il alla la visiter sans se nommer, feignant d'être envoyé par son ami — « Je n'ai point d'ami à Paris, répondit-elle, je « n'ai qu'un bienfaiteur a Turin ». — « Il n'a le droit de pro- « téger personne, répliqua Matthieu Bonafous , mais son «amitié est acquise a tous les malheureux. » —A ces accents elle le reconnut et se jeta toute en larmes h ses genoux.