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               LKS ARTISTES LYONNAIS A PARIS.                403

être cependant imprégnées aussi intimement que celles d'au-
tres peintres contemporains, MM. Orsel et Perrin, par
exemple. Il faut dire, du reste, que le sentiment religieux
dans l'art varie lui-même comme la manière de le compren-
dre dans les individus. Je ne sais si c'est en moi l'effet d'une
imagination prévenue et si l'on ne m'accusera pas de subti-
lité, mais je trouve qu'il y a un abîme entre les interpréta-
tions diverses de ce même sentiment par les artistes que je viens
de citer. Quelle que soit la différence entre les fresques du
moyen-âge et les peintures de Notre Dame de Lorette, il est
impossible en face des dernières de ne pas se reporter par la
pensée à celte époque à la fois pleine de raffinements mysti-
ques et de simplicité barbare. On croit voir se dresser les
ombres fières et trop implacables d'Innocent 1U , de saint
Bernard, de saint Dominique et du comte de Monlfort. Les
frises de saint Vincent de Paul, peut-être simplement par le
choix de leurs sujets, peut-être par leurs types et leurs
formes plus antiques, font songer davantage:» l'église primi-
tive, à l'église pauvre et militante des Catacombes. L'esprit
s'imagine contempler les Augustin, les Justin, les Denys
l'aréopagyte, ces doux disciples de Platon, réunis aux Alha-
nase et aux Basile, et entretenir avec eux de graves et con-
solantes communications. Si je ne me trompe , la masse des
intelligences de noire siècle ira plutôt à M. Flandrin. Elle y
reconnaîtra un degré de parenté plus proche. Les temps mo-
dernes offrent, en effet, au point de vue social, plus d'un rap-
port avec les temps de la décadence de Rome. Les mêmes
regrets, les mêmes incertitudes, les mêmes espérances agi-
tent les âmes des deux périodes. Saint Augustin semble ap-
partenir bien plus à noire époque que Bossuel, encore si près
de nous, et pour me servir d'une expression empruntée à
Ballanche, la langue de l'évêque français est déjà plus ar-
chéologique que la langue de l'évêque d'Afrique.