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334 NÉCROLOGIE. Par ses diverses publications, il rendit d'utiles services à la cause des lettres et se montra dans le journalisme un des plus ardents champions du catholicisme. Il collabora activement à la Biographie de Feller, à l'édition qu'en a donnée récemment M. Pélagaud , et à la Biographie universelle de Michaud, réim- primée par Desplaces. Il était dans tous ses écrits l'honnêteté môme, le vir probus. Lutteur infatigable dans la presse , et, dans ses livres, érudit plein de patience et allant toujours aux sources, il eut plus de correction que d'éclat, plus de force que de coloris. Il avait l'ampleur des grands écrivains. Il fut, au dire de notre sa- vant abbé Greppo, un des trois hommes de France le mieux ini- tiés au génie de la langue latine. Il connaissait à fond le grec, l'italien, l'anglais et l'espagnol, et nous adonné d'excellentes tra- ductions de Synésius, dePellico, de Manzoni, de sainte Térèse. Nous dûmes beaucoup à sa collaboration si facile et si variée, car la Revue du Lijonnais était sa tribune de prédilection, son œuvre, son enfant, pour ainsi dire. Il ne la perdit jamais de vue, et il s'intéressait, de près ou de loin , à son développe- ment et à son avenir , comme s'il en eût été le directeur même. Le mal qui est venu l'enlever si inopinément à notre affec- tion a trouvé un corps usé par le travail et les déceptions de la vie, un esprit lassé et un cœur atteint d'une profonde tristesse. La fièvre typhoïde n'a donc fait qu'achever l'œuvre de destruc- tion dont il portait le germe depuis bientôt deux ans. A partir de cette époque, toute une révolution s'opéra en lui, comme si une grande lumière s'y était faite soudainement. Il n'eut plus dès-lors dans l'intimité cette joie d'enfant et ce bon gros rire dont nous étions accoutumé à lui voir accueillir de mauvais jeux de mots, de pauvres calembourgs. Sa piété devint plus grande et son âme plus accessible encore à la douleur. Il se faisait de plus en plus meilleur, comme s'il en avait eu besoin pour augmenter nos regrets. La mort toute récente de la fille de son hôte , jeune femme qu'il avait vu naître et grandir , qu'il aimait d'une tendresse de père , et dont il avait suivi avec intérêt l'éducation, cette mort