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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 49 ployait utilement ses fonds à l'entretien de l'armée, s'y op- posa. Cette lutte fit rendre contre lui, par un gouverne- ment ombrageux et faible, un décret par lequel il était menacé d'être porté sur la liste des émigrés s'il ne rentrait pas en France dans trois jours. Ainsi un général uniquement occupé de ses fonctions militaires, qui versait son sang pour son pays, qui était la terreur de l'ennemi et l'idole de l'armée, se voyait la victime d'une accusation terrible; car il faut se reportera ces temps sinistres, à l'esprit de ces phases sanglantes qui démoralisaient le pays et l'armée, pour ap- précier le péril d'une pareille dénonciation. Le brave Joubert, mécontent du rappel de Suchel, de la conduite du Directoire, indigné de l'injustice dont son ami était la victime, se sentit l'âme saisie de découragement; il quitta soudain le commandement et se relira dans sa fa- mille. Mais, dès son arrivée à Paris, Suchel n'eut pas de peine a jusfifierles mesures qu'il avait prises; il fut presque aussitôt envoyé à l'armée du Danube. Le général Joubert apprit avec joie, que, loin d'être destitué, son ami se voyait appelé à un service actif et important. Alors Suchel était le fidèle émule de gloire de Joubert : une vive sympathie les rapprochait l'un de l'autre; les services et l'union de ces deux hommes contrebalancèrent la désastreuse influence qui pesa un mo- ment sur l'armée d'Italie. Ces deux vaillants guerriers mê- lèrent trop peu de temps leur vie pour doubler leur force par l'attachement. Hélas ! la mort qui ne regarde point la renommée, allait enlever Joubert, lorsque sa jeunesse et son caractère héroïque inspiraient les plus grandes espérances. Schérer ayant fait une campagne désastreuse, Joubert reprit le commandement de l'armée d'Italie, et appela Su- chet h la tête de son élat-major, fondions qu'il avait rem- plies sous Masséna. Le 9 juillet 1797, ce jeune guerrier alors ûg''t de 29 an;, fu! nommé général de division sur la 4