page suivante »
NOTICE SUR SAINT-R.4MBERT-DE-J0UX. 461 gnés ; l'un d'eux en est séparé par de vastes bois et une rivière. Tous sont loin des centres de population qu'on aurait eu à sur- veiller , des munitions et des vivres qu'on devait se procurer ; tous sont exposés d'assez près à des regards plongeants ou obli- ques, et mille projectiles pouvaient bien y arriver par le même chemin. Enfin la nature même de la construction , qui est mauvaise et indubitablement moderne, ne permet pas de faire remonter les conjectures au delà du XVe siècle. Les personnes qui vont sans cesse répétant : vox populi vox Dei, et pour qui les traditions ont toujours quelque chose de providentiel, nous demanderont sans doute pourquoi la tradition locale parle des Sarrasins ; nous répondrons par une simple observation. Les aqueducs romains, essentiellement romains, de la campagne de Lyon, sont connus du peuple sous le nom d'arcs sarrasins. Or' chacun sait que, au lieu de bâtir, ces barbares employèrent à dé- truire le peu de temps qu'ils passèrent dans notre voisinage. Ajoutons que le fort sarrasin de la commune de Saint-Rambert porte aussi le nom de fort à Jean-Charles , ce qui n'est pas la traduction d'Abdérame, de Tarik ou de Mohammed. Quelques personnes ont recours , à défaut de Sarrasins , aux religiounaires persécutés. Cette opinion, moins extravagante que la première, n'est pourtant pas plus fondée. Personne n'a ja- mais entendu parler des guerres de religion dont le Bugey aurait été le théâtre : le Bugey, comme la Savoie, était et reste encore très-catholique. Les Vaudois ou les Protestants ne se seraient pas exposés au milieu des orthodoxes les plus fervents, dans la partie la plus fréquentée de notre vallée. Où auraient-ils pris des vivres ? D'ailleurs, quoique l'on ne pût pas aisément les joindre de près, avec quelle facilité ne les aurait-on pas chassés de leurs forts, à coups de fusil ou de flèches ! Certes, ce n'est pas ains; que les victimes de Louvois avaient organisé leur défense. Les grottes des Cévennes et de l'Ardèche , bien différentes de nos corniches étroites, sont de véritables forteresses , où des centai- nes d'habitants , avec leurs troupeaux et leurs meubles les plus nécessaires, pouvaient trouver pendant longtemps un refuge as- suré. Les abords en sont difficiles, mais pourtant on pouvait s'y