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494             LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS.

    J'ai largement usé de la patience de vos lecteurs, et pourtant
il faudrait pouvoir apprécier à loisir ces deux belles chapelles
de Notre-Dame-de-Lorelle, dont j'ai parlé plus haut. J'au-
rais même désiré en faire l'objet d'une étude spéciale si la
plupart des journaux ne s'en étaient déjà longuement oc-
cupés, surtout de celle qu'a peinte le regrettable Orsel.
L'école formée par cet artiste a suivi une voie entièrement
distincte de la roule frayée par M. Ingres. Il y aurait de
curieux rapprochements à faire entre les procédés, les tradi-
tions, et, pour tout dire, les dogmes de ces deux écoles, et
aussi entre les résultats divers qui en ont été les consé-
quences. J'ai entendu prononcer à un artiste distingué,
disciple d'Orsel, un mol qui peut servir à constater en
passant un point capital de ces différences : « Les peintures
de Sainl-Vincenl-de-Paul, disait-il, dévoilent aux yeux du
speclaleur tout ce qu'elles peuvent renfermer de science ou
de génie : les peintures de Notre-Dame-de-Loretle ne le
 révèlent que d'une manière incomplète. » Rien ne peut mieux
définir en effet tout ce qu'il y a de recherche consciencieuse,
d'inflexibilité obstinée dans le talent d'Orsel. Je ne crois
pas qu'il soit possible de trouver nulle part une exécution
 d'une contexlure plus serrée, plus rigoureusement déduite de
 principes exclusifs et absolus. Bien des efforts ont été
 consumés pour des choses perdues pour l'œil du spectateur,
et cependant il faut reconnaître que l'étude excessive des
 détails n'altère point l'homogénéité de l'effet général. Il y
 a dans tout cela je ne sais quelle chasteté de style, quelle
 discrétion austère qu'il est difficile d'exprimer par le langage.
   Qu'a-t-il donc manqué à ces deux artistes éminents, dont
les noms resteront éternellement unis l'un à l'autre, pour
produire dans l'art une révolution analogue à celle qu'a opé-
rée M. Ingres? — Rien et tout. — Le souffle initiateur, d'a-
bord, auquel ne supplée pas la science la plus ardue, puis