Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
23'2                 ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS.
mer de l'instrument dont s'aide l'Å“il de l'observateur et de le di-
riger vers le firmament; je n'aime pas à ne voir qu'un point des
espaces célestes ; il me faut toute la voûte des cieux, une liberté
parfaite qui laisse à mon esprit toute sa force, à mon cœur toutes
ses affections. Et où donc la trouver cette nature qui parle à
nos âmes bien mieux que toute l'éloquence humaine ? Où , Mes-
sieurs ! c'est dans ces forêts superbes et majestueuses où la soli-
tude, le silence, l'épaisseur des*ombres pénètrent l'âme d'un saint
recueillement et d'une religieuse frayeur ; c'est sur les bords d'une
mer tour à tour paisible et courroucée, dont les ondes semblent
se jouer sous la main puissante du Dieu qui les irrite ou les
apaise à son gré ; c'est sur la cime de ces hautes montagnes d'où
l'œil s'égare au loin et se perd dans un immense horizon. Là,
roi de la nature, l'homme semble planer dans son empire, et,
contemplant avec transport ce vaste ensemble de vallons et de
coteaux, de monts et de plaines, de champs et de prairies qu'il
voit à ses pieds, son âme s'élève naturellement vers l'auteur de
tant de merveilles. Où faut-il étudier la nature? C'est surtout
dans les cieux, au milieu de ces nuits tranquilles et pures , quand
le silence règne sur la terre et dans les airs, et que la lune, avec ses
douces clartés , semble verser sur l'univers le calme et la fraî-
cheur.Alors peut-il venir en pensée qu'il n'y a pas de Dieu, etc. ? «
   Ailleurs, dans la conférence sur l'examen des arguments de
l'athéisme, il finit aussi par quelques mots qui s'adressent à la
portion la plus jeune de son auditoire. Après avoir brièvement
retracé cette touchante histoire de saint Augustin ramené à la
vérité par les prédications et l'ascendant du saint évêque de
Milan , Frayssinous ajoute : « Messieurs, Ambroise n'est point
ici, mais n'y aurait-il pas dans cet auditoire quelque jeune Au-
gustin se débattant dans les liens de ses passions , honteux des
fers qu'il porte, et n'ayant pas le courage de les rompre ; ou-
vrant les yeux à la lumière pour les refermer aussitôt?              Et
dans cette capitale, dans nos provinces, n'y a-t-il pas plus d'une
Monique désolée , gémissant sur les écarts et l'incrédulité d'un
fils, qui peut-être nous entend et dit dans son cœur : c'est de
moi dont il s'agit? »