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490 LES AKT1STKS LYONNAIS A PARIS. n'ont pu envahir en entier ces tendances mystérieuses de l'homme, et si les François d'Assise et les Thérèse appar- tiennent à une autre époque, bien des âmes se réfugient encore aujourd'hui dans la vie mystique et cherchent à échapper par ses consolations aux tristesses et aux honles du présent. Plus d'une existence a rappelé de nos jours les exis- tences du moyen âge. Lisez plutôt la préface des cantiques composés par le père Hermann. Non seulement le Christianisme a introduit dans le monde celte idée nouvelle et étrange de la passion de Dieu, mais on dirait qu'il a donné à l'âme une nouvelle faculté de sentir, à tous les degrés de l'échelle des sentiments. Il n'est pas besoin, pour porter ce sceau de l'initiation, que ces sentiments appartiennent seulement à ce que le Christianisme appelle l'ordre surnaturel. Parcourez toutes les pages de l'antiquité, vous y chercherez en vain l'indice d'une agitation de l'âme, de la plus simple tendresse de cœur; ce nom lui-même de tendresse atteste une pensée inconnue jusques-là et pour la- quelle il a fallu créer un signe nouveau. Celte pensée répond à son tour à je ne sais quelle idée de faiblesse dans l'être qui la ressent dont se fût révolté le sloïcisme des anciens el qu'il eût considérée comme la marque de l'amollissement el de la dégénérescence. Dans les œuvres d'art laissées par l'anti- quité, toutes les expressions se restreignent à peu près à la série des sensations et des besoins. Tout y est d'une froideur à désespérer l'âme trempée dans les traditions actuelles. Rien ne s'y élève au-dessus d'un certain héroïsme sauvage, et on peut dire que l'angoisse de la mort et le rire libertin sont les notes extrêmes et opposées de la gamme sur laquelle s'écrivent les douleurs et les plaisirs des anciens. Prenez comme objet de comparaison l'impression la plus universelle, le mouvement le plus instinctif à l'homme: l'amour. J'af- firme que l'on eût pu défier le plus grand peintre de l'anti-