page suivante »
Î84 LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. si sa composition n'eût offert aux yeux ni sceptre ni manteau impérial ? — Mais enfin M. Flandrin n'a vu nulle part dans le bréviaire romain l'office de saint Charlemagne ; son culte , tout local, purement arbitraire, est à peine toléré dans une petite partie de l'Allemagne , où il n'a que la valeur d'une légende. Charlemagne, au dire des chroniques, fut loin d'être un saint : des actes de cruauté et d'injustice souillèrent plus d'une fois ses triomphes. Il fil transporter, si mes souvenirs de collège me servent fidèlement, au mépris de toutes les lois, un grand nombre de Saxons en Aquitaineet d'Aquitains en Ger- manie. Ce n'est pas sans doute pour ces faits que M. Flandrin l'a canonisé. Peut-être est-ce tout simplement parce qu'il fut empereur? — Mais encore n'est-ce pas là aux yeux delout le monde une raison suffisante. Du reste , et en dehors de ces critiques , qui portent sur ce qu'on peut appeler la partie purement intellectuelle de la composition , il me serait difficile de vous exprimer avec quelle admirable entente M. Flandrin a distribué ses figures, combien ces groupes se font mutuellement valoir par une dis- position claire et habile. Dans cette série , qui ne compte pas moins de deux cents figures dont l'action est presque identi- que , l'artiste est parvenu à ne jamais se répéter. Toutes! ac- cusé par des effets d'une simplicité admirable, dans une gamme de tons très sobres et très-doux, et parfaitement enharmonie avec la nature de l'édifice. Les draperies sont souvent mo- delées au moyen de deux nuances différentes , c'est-à -dire par une espèce de reflet changeant dont l'aspect possède un grand charme , sans affecter cependant les prestiges d'om- hre et de couleur qu'on ne saurait trop éviter dans une déco- ration de ce genre. L'emploi des fonds or, la sobriété des plans, qui n'embrassent jamais plus de deux ou trois figures, sans lointain d'aucune sorte, sont très-favorables aux exi- gences de la peinture monumentale , qui doit souvent se