page suivante »
462 NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX. procurer en abondance du fourrage, de l'eau , du bois ; et ces retraites avaient été choisies dans les déserts les plus sauvages, au milieu de pâturages et de rochers que les bergers devaient connaître seuls. Nos forts sarrasins seraient-ils des hermitages ? — Nous ne le pensons pas. Pourquoi des hermitages loin des églises ? Pour- quoi trois hermitages de la même époque, si près l'un de l'au- tre, sans compter ceux de la vallée ? Pourquoi les aurait-on mis en garde contre des surprises? etc. Ce ne sont point des étables à moutons, car l'aire est trop étroite, la construction trop soignée, les dangers de l'abord trop grand, et l'existence de plusieurs étages implique la présence de plusieurs personnes, ou du moins d'un solitaire assez exigeant en fait de confort. Ce ne sont pas non plus des habitations ordinaires, à moins qu'elles ne fussent destinées à des lépreux ; et nous nous arrê- terions volontiers à cette version, si elle ne laissait pas de son côté plusieurs objections sans réponse. Au XVe siècle, les lé- preux étaient déjà très-rares, et trois léproseries dans une lieue de terrain seraient une anomalie inconcevable. On peut dire qu'an XVIe siècle il n'y en avait presque plus ; or, si nous ne nous trompons, nos forts ne remontent pas au delà de 1500 ; leurs mauvais matériaux ne permettent pas de le croire. Plus anciens, ils n'auraient pas duré jusqu'à nous. En outre, les lé- preux étaient chassés des villes, niais une fois dans les champs, pourquoi se seraient-ils fortifiés? contre quoi? contre qui? Un malade ne fuit pas la santé ; c'est l'homme sain qui fuit la ma- ladie. Ceci nous conduit à l'examen d'une dernière opinion qui est la nôtre, et que, par conséquent, nous trouvons la seule bonne. Tout le monde sait qu'au moyen-âge Lyon et les provinces voi- sines furent décimées par d'horribles pestes. Le XVIe siècle tout entier et la moitié du XVIIe furent marqués par des mortalités qui laissèrent des villages, des bourgs entiers sans habitants. Des riches, des heureux, des lâches prirent la fuite devant le fléau et coururent'cacher dans les retraites les plus sûres la faiblesse