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NOTICE SUR SA1NT-RAMBERT-DE-JOUX. 463 de leur esprit. Cela s'est vu de nos jours. D'un autre côté , il pa- rait que la vallée de Saint-ïlambert fut exempte de la maladie, au moins une fois, puisqu'en 1581 elle était le refuge des Lyonnais. Montaigne raconte, dans le journal de son voyage en Italie, qu'à son retour en France il passa par la Suisse, la Savoie, le Bugey et la Bresse. A Saint-Rambert, où il arriva le 6 novembre 1581, il Irouva le sieur Francesco Cenami, banquier de Lyon, qui y était retiré pour la peste, eit qui lui envoya de son vin et son neveu avec plusieurs très-honnêtes compliments. (Voyez Pernetti, les Lyonnais dignes de mémoire ; et M. Breghot du Lut, Mélan- ges, 444). Nous pensons donc que nos forts sarrasins furent construits à la hâte, pendant quelqu'une des grandes pestes du XVIe ou du XVIIe siècle, pour servir de retraite aux fugitifs, soit indigènes, soit étrangers. Du haut de ces espèces d'observatoires ils pou- vaient conserver des relations faciles avec la vallée , recevoir des vivres, des nouvelles , parlementer de vive voix avec le dehors, sans être dérangés contre leur gré, sinon par la force ouverte, et personne sans doute ne l'employa contre eux. Nous dirons, pour compléter notre pensée, que rien ne prouve que ces forts aient rempli leur destination primitive ; mais nous ne croyons pas im- possible qu'ils aient servi plus tard de demeures à ces mendiants solitaires, si communs autrefois, bohémiens casaniers qui vi- vaient tristement dans les lieux déserts, comme Tes chamois gentils, et que notre civilisation aura bientôt fait disparaître jus- qu'au dernier. Hippolyte LEYMARIE.