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182 LK RÉVEIL, Une langue ignorée, étrange, sans pareille, Que l'âme seule entend et dont jamais oreille Ici-bas ne saisit les sons mystérieux ; Dont l'alphabet jaloux, au sage qui l'épèle, Refuse le secret que toujours il révèle A tout cœur de seize ans en mots harmonieux. Une langue de miel aux douceurs infinies, Dialecte divin que parlent les Génies Et les savants d'amour, sous un ciel toujours pur. Sous le ciel du printemps que dore la jeunesse, Où tout rit au soleil, où tout verse l'ivresse, Où tout est liberté, rayons, parfums, azur. IV. Et depuis quelques jours dans votre âme inquiète , Livre fermé pour tous, mais ouvert au poète, Qui de toute âme tient la clé, Sous l'ombre où votre effroi pleure et se réfugie, Je lis cette secrète et plaintive élégie De votre pauvre cœur troublé : — Oh ! quel est ce profond mystère ? Et d'où vient celte étrange voix Que sur ma rive solitaire, J'entends pour la première fois ? Elle est douce et pourtant m'alarme ; Elle me trouble, elle me charme, Et partout s'attache à mes pas : Malgré moi, mon oreille accueille