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56 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. sion, il fit admirer sa marche en échelons par régiment, aussi tranquillement qu'à l'exercice, et cela sous le feu de cin- quante pièces de canon. Dans cette grande journée , Suchet reçut en récompense de ses services le grand-cordon de la Légion-d'Honneur et une dotation de vingt mille francs de rente. Dans la campagne de Prusse, sa division remporta le pre- mier avantage à Saalfeld. Les Prussiens purent juger de ce qu'il fallait attendre de sa valeur, car la consternation se ré- pandit de Saalfed à Iéna et à Weimar. Il eut la principale, part au gain de la bataille d'Iéna , où il commença l'attaque et déploya des prodiges de valeur. Na- poléon y fil camper la division Suchet en un carré de quatre mille hommes, et établit son propre bivouac au centre de ce carré, près du Landgrafenberg. C'est depuis lors que les ha- bitants du pays ont appelé cette hauteur le Napoléon-berg, en marquant par un amas de pierres brutes l'endroit où ce per- sonnage populaire partout, même dans les lieux où il ne s'est montré que terrible, passa une nuit mémorable. La division Suchet se signala de nouveau en Pologne , où elle résista seule à l'armée russe, au combat de Pulstuck. J'ai combattu contre une armée entière, écrivait le général russe Berningsen dans son Rapport officiel ; il croyait avoir eu af- faire à toute l'armée française. Suchet battit ce général une seconde fois à Ostrolenka. Blessé dans la première de ces af- faires , il se montrait quelques jours après à la tôle de sa di- vision. Lorsque la paix de Tilsitt eut été signée, le 8 juillet 1807, il fut chargé, de concert avec les généraux russes com- tes Tolstoï et de Wittgenstein , de fixer la dernière ligne de démarcation des frontières du nouveau grand-duché de Var- sovie. II commanda ensuite le 5e corps, qu'il fit cantonner en Silésie , où ses troupes observèrent une discipline si par-