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i'2 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. mandait à la tête de son bataillon. Bonaparte qui avait tout récemment servi sous le général Carteau, à Avignon, fut appelé au conseil militaire qui délibérait sur les moyens de reprendre la ville et d'en chasser l'ennemi : il soutint qu'il fallait s'emparer du fort de Margrave, bâti par les An- glais sur les hauteurs du Caire, et placer sur les deux pro- montoires l'EguilIelte et Balaguier des batteries qui, fou- droyant la grande et la petite rade, contraindraient la flotte ennemie à l'abandonner. Tout arriva comme Bonaparte l'a- vait prédit : on eut une première vue des destinées de celui dont la valeur allait plus lard faire trembler l'Europe. C'est à ce siège que s'ouvrit réellement la carrière militaire du jeune Suchet. De là aussi date la première gloire de son nom, car il y déploya'un sangfroid et une intrépidité digne des plus grands éloges. Le général anglais, Ohara, qui com- mandait en chef la place ayant tenté une sortie à la tôle de six mille hommes pour détruire les dangereuses batteries qu'avait établies Bonaparte, fut tout à coup jeté dans la plus grande sur- prise par la subite apparition du chef de f artillerie, et fait pri- sonnier par le chef de bataillon Suchet. Ce brillant fait d'ar- mes, exécuté avec tant d'audace et de succès, eut alors un grand retentissement. Bonaparte dut voir dans Suchet un autre lui-môme, et il s'attacha plus tard ce frère d'armes qui portait bonheur à ses desseins dès le début de sa car- rière. Dès lors, l'amour de la gloire allait faire un guer- rier, et la victoire un général du jeune chef de batail- lon de l'Ardèche, comme le ciel allait donner à quel- ques années de là le nom de Napoléon au jeune chef d'artil- lerie Bonaparte. Ce fut dans cette année que la nouvelle du supplice de Louis XVI arriva aux armées et produisit dans tous les rangs une consternation profonde. Soldats et officiers repoussaient toute communauté de principes avec le système sanglant qui