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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 525
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idée de M' de Magland; c'est une de ces femmes qu'on ren-
contre assez rarement pour se les rappeller toujours ; toutes les
nobles pensées se refléchissent sur son front élevé ; sur sa bouche
finement dessinée se montre l'expression de la gaîté la plus spi-
rituelle unie à la bonté ; tour à tour frivole et réfléchie, studieuse et
légère, elle sait assouplir son esprit et lui donner les proportions
de ceux qui lui parlent. Elle a cette sorte de mobilité que cha-
cun prend pour l'effet de son influence, ou d'une vive sympathie,
dont le charme est irrésistible ; enfin, c'est un de ces types on-
doyants ut complexes devant lesquels la médiocrité s'arrêtera
avec défiance, et les intelligences d'élite, avec amour. Extrêmement
simple dans les rapports habituels de la vie, mais parfaitement
élégante par sa nature, elle a une grâce infinie dans tous ses
mouvements, et ce charme aisé qui n'existe que dans un certain
monde. J'ai remarqué en elle quelques-uns de ces traits qui tiennent
à la pureté de la race ; par exemple, des mains adorables, fines,
longues, blanches, transparentes, des mains de madone ou de pa-
tricienne, et des oreilles d'enfant; sans accepter la solidarité de
ces superstitieuses observations, je cite sans commentaire,
étudie toi-même la vérité du principe.
Mlle de Magland me fit un accueil si plein de franchise et
de bonté, que non seulement j'oubliais les injustes préventions
que ma sottise et les aigres commentaires de Mme de la Roche-
marqué avaient fait naître, mais j'admirais avec la ferveur d'un
preux la grâce et les mille séductions de Marie. Le nouveau
tour de mes idées aurait suffi pour expier des torts encore
plus grands que les miens.
Le beau chien de Mlle de Magland vint carresser Raoul, et,
après avoir tourné plusieurs fois autour de moi, posa sa belle
tête sur mes genoux; sa maîtresse le rappela, mais il ne parut
nullement disposé à lui obéir. — Beppo ratifie l'aimable accueil
qu'on me fait icï, dis-je, je vais me croire de vos amis. — Beppo
partage notre désir qu'il en soit ainsi, dit M. de Magland, et
c'est ici une grave autorité, surtout auprès de ma fille, ajouta-t-il
en riant. — M'*6 Alix haussa imperceptiblement les épaules, et,
s'approchant de Raoul, s'informa de la santé de sa mère d'un air