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                       ET DANS LE TEMPS.                           49 i

fait descendre en notre ame par le rayon rationel ; croyant
puiser en soi-même les notions absolues du bien, du vrai,-
du beau et du saint, el posséder ainsi la source de la
justice, de la vérité, de la beauté et de l'amour, il ne songe
plus dès lors à entretenir avec l'Être essentiel aucun de
ces rapports nécessaires de religion, rapports si tendres, par
lesquels s'opère exclusivement la créoconseryation spiri-
 tuelle.
    Si l'estomac cesse ses fonctions, l'animal meurt de faim ;
si la racine cesse ses fonctions, la plante sèche sur pied ; si
l'ame cesse les siennes, que peut-il lui arriver autre chose?
 « Ce n'est pas vous, disait saint Paul, qui portez la racine,
mais c'est la racine qui vous porte (t). »
    Si donc la racine de l'être spirituel et libre s'arrache du
sein de la terre où elle puise la vie spirituelle, il sèche éga-
lement sur pied, el se durcit dans le mal, qui est la priva-
 tion de l'être ; si donc son estomac refuse de prendre l'ali-
ment spirituel qui doit s'assimiler aux diverses facultés de
l'ame, il tombe dans l'inanition, et l'on appelle précisé-
ment cet effet de l'orgueil du nom de VANITÉ, parce qu'il
fait bientôt le vide au dedans de nous. L'ame une fois ainsi
vide de Dieu, se remplit vite de l'esprit du monde, et ne
sait plus mener sur la terre qu'une existence tout-à-fait
perdue pour elle vis à vis de l'absolu.
    Ainsi, usant de sa causalité en substituant son mouve-
 ment propre (superbia) au mouvement de l'ordre universel
 que lui appliquait le créateur, pour sa conservation comme
pour celle de tous les êtres créés, l'homme a détourné, el
repoussé positivement une partie de la vie qui lui était
adressée, et détruit par ce fait l'équilibre nécessaire qu'un


  (r) Non te radicem portas, sed radix te, Epistol S. Paul ad Roman, ch.
XI, v. 18.