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                      EXCURSION DANS LE MIDI.                            415
qui devrait vous avertir de quitter la voie d'égarement et d'erreur dans la-
quelle vous cherchez à entraîner le monde qui ne veut pas vous suivre.
    « Ne voyez, Monsieur, dans ces réflexions suggérées par votre lettre,
aucune intention de vous blesser, et, descendu du siège où j'ai dû remplir
un ministère sévère, je suis toujours disposé à plaindre le sort de ceux
qu'ont frappé les arrêts que j'ai prononcés.
    « Je n'ai jamais conçu, je ne conçois pas, je l'avoue, ce que ceux qui
professent ce qu'on nomme le Saint-Simonisme appellent leur mission
apostolique. Je n'ai pas cru, je ne crois pas que la volonté divine se soit
révélée à eux plus qu'à nous autres du commun des hommes. Nous ne
vivons pas dans un temps où l'on puisse facilement inculquer (a croyance
à une mission divine. N'est pas apôtre qui veut, Monsieur, aujourd'hui !
   « J'ai néanmoins trouvé dans les doctrines Saint-Simoniennes, des idées
quelquefois séduisantes au premier aspect, des idées, abstraction faite de
leur application, des théories sociales ou industrielles qui prenaient nais-
sance dans les âmes généreuses et amies des hommes, mais que le moindre
examen ne pouvait faire considérer que comme des rêves dans lesquels échappe
toujours l'objet à la main qui cherche à l'atteindre, el dont, ce qui pis est,
le résultat ne serait que de porter le trouble et le désordre dans les états,
en bouleversant la société telle que les temps et les besoin-, l'ont établie.
    « J'ai rencontré parmi les Saint-Simoniens des hommes qui courent après
une chimère, mais qui employent à celte poursuite des talents réels, qui
eussent pu faire la gloire de leur famille, l'honneur de leur pays, et pro-
duire de plus heureux résultats pour la société, dont ils cherchent, dans
de fausses routes, l'amélioration.
    « Ce n'est pas la chose jugée, ni le respect que sur le siège je lui dois,
qui m'aveugle, mais c'est la raison, la raison qui clame au fond des cons-
ciences. Celte même raison, aidée du secours de la bonté de Dieu, que
comme vous je crois infini , me commande d'espérer que le temps et
l'âge éclaireront votre esprit, qui cherche avec ardeur la vérité. Cherchez,
cherchez-la toujours avec bonne foi, Monsieur, et je ne puis penser qu'un
jour nous ne nous entendions mieux.
    « La femme, j'aime mieux dire les femmes, ce complément si précieux
de notre société, cet être, je dirais t-i faible, si je ne craignais de trop
choquer vos idées, et prés duquel nous puisons tant de force, qui adoucil
nos mœurs, par qui nous connaissons les douceurs de la famille, la source,
enfin, de nos plus douces émotions, comme de nos plus vives et plus
pures jouissances ; comme vous, mieux que vous, peut-être, je vante leur
commerce, je prêche l'union avec elles.... mais l'union sociale et sacrée