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410 EXCURSION DANS LE MIDI. fines mouches ne respectent rien, hormis cependant l'épiderme d'un Provençal, la seule qui soit assurée contre les mous- tics et leurs ampoules. Il est encore une précaution à prendre contre les cousins ei les moustics, la plus efficace de toutes : c'est de s'enfermer, au lit, dans une de ces légères gazes appelées moustiquaire. Ceci me remet en mémoire une petite anecdote qui tient à l'his- toire intime de l'Empire. M m e la maréchale Lefebvre se trouvait à Marseille et comme elle avait eu beaucoup à souffrir une première nuit de ces hôtes incommodes, le maréchal Lefebvre fit porter à son hôtel un des préservatifs que je viens d'indiquer. Quelques jours après, des dames s'étant présentées chez M m e la maréchale, leur premier soin fut de s'informer poliment comment elle avait passé les dernières nuits. — Oh! très bien, très b i e n , répondit la maréchale, du Ion naïf et dégagé qui lui avait déjà fait à la cour des Tuileries une célébrité toule parti- culière; depuis que mon mari nous a envoyé deux mousque- taires, un pour moi et un pour ma fille, nous passons toutes les deux de très bonnes nuits. Je vous engage bien à prendre des mousquetaires, mesdames, c'est excellent! » Comme vous le pensez b i e n , le mot fil fortune, il courut le beau monde de l'époque, d'autant plus rapidement qu'il avait été recueilli par des daines de l'ancienne noblesse ral- liée à l'Empire; or, ces dames-là ne laissaient jamais échap- per l'occasion d'une petite méchanceté contre les nobles de nouvelle fabrique ; ce qui fait que le bon mot de la maré- chale Lefebvre pourrait bien avoir été un méchant mol de l'invention de ces nobles dames. Quoiqu'il en soit, il faut se lever à Marseille de très bon matin. A défaut de moustiquaires ou de mousquetaires, et même avec l'un et l'autre, c'est encore, je crois, le moyen le plus sûr d'échapper aux mille aiguillons volanls qui pul- lulent sous le beau ciel du Midi, et qui poursuivent opi^ niâlrement le voyageur à pied, à cheval, en voiture jusque