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EXCURSION DANS LE MIDI. 403
Ramené à Marseille el à son p o r t , M. Jh. M... dirigeanotre
vue sur un petit îlot stérile , élevant sa tête pelée el pointue
au-dessus des eaux de la mer. C'était le château d'If, fortifié en
1729 par ordre de François I=r. lequel était alors en guerre avec
les Espagnols. Ce château a long-temps servi de prison d'état.
On y montre aux visiteurs la chambre où fût enfermé le fou-
gueux Mirabeau, par ordre de son père et en vertu des dix-sept
lettres de cachet qui donnèrent si b i e n , au tribun aristocrate,
le temps de mûrir sa haîne contre la royauté, peut-être plus
encore que contre le despotisme. Le fameux prédicateur ambu-
lant Desmasures y était enfermé en 1814. Il en sortit à la Res-
tauration, ainsi que quelques autres prisonniers , parmi les-
quels se trouvaient des officiers napolitains qui avaient refusé
de reconnaître la souveraineté de Murât. Bien qu'il n'y ait de-
puis plusieurs années aucun détenu au château d'If, il n'en
faut pas moins remplir une formalité que l'on n'exige pas
pour entrer au fort de Notre-Dame de la Garde. Une permis-
sion du commandanl de la place est nécessaire ; mais celte
permission s'oblient très facilement. A la visite que nous y
fîmes je remarquai sur le mur, fraîchement écrits au fusin ,
ces deux vers :
L'aine de Mirabeau s'inspira dans ces lieux !
Hommes libres, pleurez ! Tyrans, baissez les yeux.
C'était tout simplement la variante du distique du poète
Chénier, qui e u t , en 1791, les honneurs de l'inscription en
lettres d'or, sur une table de marbre noir placée, par ordre du
conseil général de la commune de Paris, au dessus de la porte
d'une maison de la nie d'Antin, dans laquelle Mirabeau venait
de mourir; mais il paraît que celte variante effaroucha le
zèle de l'homme qui nous conduisait, car, ayant tiré avec hu-
meur son mouchoir, il le passa el repassa sur les deux vers
jusqu'à ce qu'il n'en restât plus vestige.
Ayant terminé cette chaude affaire , le brave homme tourna
diplomatiquement autour de nos mains el de nos poches , sans
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