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388                    EXCURSION DANS LE MIDI.
mène et Pythéas, à qui apparlienl la gloire d'avoir ouvert
les mers de l'Atlantique au commerce Marseillais.
   Cependant, si dans les collèges on fait encore profession
d'insouciance, à l'endroit de nos vieilles communes, si l'on
s'y montre singulièrement oublieux de tout ce qui a rap-
port à leurs anciennes institutions, à leur vie politique, à
leurs guerres, à leur histoire souvent si dramatique, si ani-
mée, si intéressante (1); d'une autre part, au sein du Conseil

    (1) Comme je ne veux point ici me brouiller avec les régents de collèges,
voici mon credo : Je crois à l'Université, la fille ainée des rois de France,
ma respectable nourrice classique ; j'honore Hérodote, Sénèque, Tacite,
Quinte-Curce et tous les historiens de l'antiquité ; je respecte infiniment
le Seleciœ e profanis, ainsi que le de viris illustribus; mais aussi je crois
très sérieusement que l'histoire de nos vieilles communes du royaume de
France doit être, pour des Français, au moins aussi utile et aussi sérieuse
que celle des guerres d'Alexandre et de Porus. J'aime à suivre dans les
vieilles Chartes, chez nos vieux annalistes , et dans les monuments mê-
mes de l'architecture et de la statuaire, la marche persévérante des idées
d'indépendance et de liberté, au nom desquelles les bourgeois enrichi* se
prirent à revendiquer et à reconquérir leurs antiques franchises munici-
pales, association immense, noble mutualité qui dans le latin du temps s'ap-
pelait communio ou communia, d'où est venu, pour les villes qui parve-
naient à s'affranchir, le nom de commune. Commune! commune! était
partout le cri de ralliement et de guerre, et autant ce mot excitait d'en-
thousiasme chez les bourgeois, autant il inspirait d'animadversion aux sei-
gneurs évêques, abbés et barons.
   « Commune, nom nouveau, nom détestable ! s'écriait l'abbé de Nogent,
pour toi les serfs sont affranchis, etc. » — Il est quatre choses que l'on ne
peut faire taire, disait un autre : une femme, un porc, un chapitre et une
commune. »
   Ne riez pas trop haut de ceci. Lorsqu'il s'agit aujourd'hui d'organiser le
travail et le salaire des ouvriers,les serfs de l'industrie, on trouve bon nom-
bre de bourgeois qui s'exclament contre cette réforme avec tout autant de
sagesse et d'esprit que faisait ce bon abbé de Nogent contre l'affran-
chissement des communes.
   De tout temps eV chez tous les peuples, les gestations de la liberté et de
la raison ont été laborieuses et pénibles, ce qui n'a pas empêché l'en-
fantement.