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 338        r " : r MONOGRAPHIE HISTORIQUE

  de quitter la Germanie où ils étaient fréquemment victimes
 des hostilités des Huns, leurs voisins, ils ne cherchaient, en
 émigrant, qu'un établissement Exe et tranquille loin de leurs
 oppresseurs. Avant cette émigration, ils s'étaient convertis au
 christianisme, et celle religion avait adouci leurs mœurs à ce
 point que toutes leurs actions étaient empreintes d'une cer-
  taine modération. Honorius et son successeur légitimèrent
 leur possession en leur concédant les provinces qu'ils occu-
 paient. Soit que la nécessité ou la politique conseillât cette
 concession, elle tendait à faire des alliés, qui, placés dans
 le voisinage des Alpes, pourraient empêcher les Barbares de
 pénétrer au cœur de l'empire (1).
     De leur côté, les Gallo-Romains dégénérés, qu'une civilisa-
 tion décrépite avait affaiblis et diminués, accueillirent avec
 empressement ces hommes vigoureux, capables de les défen-
 dre et de retremper leur courage. Ils n'eurent pas d'abord à
 regretter cette bonne hospitalité. Les Bourguignons, loin de
 leur faire sentir le poids de leur supériorité, s'étudièrent à
 mériter cetle bienveillance en les traitant comme des frères (2).
 Installés dans ces belles contrées, il déclarèrent qu'ils s'atta-
 chaient aux indigènes par les liens de l'hospitalité et à l'em-
pereur par les services militaires. Les lois furent conservées,
les magistrats maintenus, les propriétés et les usages respec-
tés. Et même, dans le principe, les rois bourguignons pous-
sèrent les égards à n'user de leur autorité absolue que sur
leurs propres sujets. Celte modération était surtout inspirée
par une politique de conservation. Car, à la ruine totale de
l'Empire, plus affermis dans les provinces conquises, ils mo-
difièrent ces bienveillantes dispositions, sans devenir précisé-
ment les tyrans de ceux qu'ils avaient traités avec tant de mé-


 (i) Orose, liv. 7, chap. 5. — Gibbon, chap. 3 i .
 (a) Zozime, liv. 6.