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DU BUGEY. 321 impriment à plusieurs de ses sites une physionomie alpestre. Pans d'autres parties, au sud et à l'est, ses beaux vignobles, ses mûriers, ses maisons avec leurs toits peu inclinés cou- verts en tuiles creuses, ses villages disposés en amphithéâtre sur les bords de ses fleuves dominés par des ruines, vieux débris de la féodalité, ses bancs de roches nues dont les teintes sont chaudes et les lignes arrêtées, son ciel le plus souvent azuré et limpide, toutes ces choses lui donnent un aspect différent et d'un caractère méridional. La vivacité et l'accent de ses habitants ne démentent pas cette dernière analogie (1). A la vue de ces sites remarquables, le paysagiste s'arrête pour leur payer le tribut de son admiration. Vers quelle région, à quelle nature plus belle porterait-il ses crayons et ses pinceaux? Aussi, que de peintres distingués ont il- lustré cette contrée ! Boissieu, le Berghem lyonnais, en a reproduit quelques parlies pittoresques, peuplées de bestiaux que lui auraient enviés les maîtres flamands. Laberge a peint les vues admirables de la vallée de Ta- lissieu et les ombrages de Virieu, avec une merveilleuse perfection de détails qui concourent à un puissant effet d'en- semble (2). ( 0 Les mœurs et les usages rendent encore cette similitude plus saisissante. Lorsque, par exemple, dans une petite ville des bords du Rhône, à Lagnieu, une procession se déploie dans les rues, on pourrait se croire; à Tarascon, en voyant les confréries religieuses avec leurs insignes et les bannières au vent, surtout les pénitents blancs, revêtus de leurs longues ro- bes et de leurs capuchons percés de deux ouvertures à l'endroit des yeux, qui marchent en psalmodiant d'une voix lugubre, précédés de leurs lanternes et d'un grand Christ peint. (2) Deux qualités précieuses rarement réunies. Un peintre qui, avec une multiplicité de détails d'un travail fini, achevé, produit le même effet qu'an 21