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212        DS L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE

   Quant à la défense elle-même que Gabier a donnée du
hégélianisme, il nous est impossible de la croire suffisante.
En opposition aux arguments que la critique habile de Fren-
delenbourg a fait valoir pour démontrer que la méthode hégé-
lienne identique au système de la philosophie absolue est
fausse dans son essence et impossible en elle-même) Gabier
se garde bien de justifier en détail la méthode logique -, il se
contente de s'abriter, après bien des détours, derrière l'idée
que le système de la philosophie spéculative est différent de
la dialectique employée pour le construire. C'est là, non pas
réfuter les démonstrations de Frendelenbourg, mais les tour-
ner, au moyen de ce qu'on appelle une mutalio elenchi, en
prouvant ce qui n'est pas en question. C'est de plus, comme
nous l'avons remarqué déjà plus haut, manifester un senti-
ment qui menace l'école hégélienne d'une nouvelle scission
tout aussi grave que celle dont Gabier lui-même regrette
déjà l'existence. On ne pouvait donc se tirer plus mal des
objections faites contre la possibilité de la logique hégélienne.
   La pensée, avait dit Frendelenbourg, ne peut créer son
contenu. Elle ne le crée pas, réplique Gabier, elle reproduit
seulement la pensée créatrice de Dieu lui-même. Là encore,
le successeur de Hegel préfère altérer la pensée de son maître
au lieu de la défendre dans sa pureté primitive, il juge que
se cacher derrière une subtilité étrangère aux formules pri-
mitives du système est chose plus facile que de prendre en
main la défense des principes si franchement et si heureuse-
ment attaqués.
    En général, ou bien Gabier évite de répondre aux critiques
directes de Frendelenbourg, ou bien il oppose aux déductions
de ce savant une pure répétition des principes mis en question,
 ou bien il abandonne le système primitif du hégélianisme.
 Éludant ici les objections, passant là sous silence ce qu'il au-
 rait été dangereux de toucher, déplaçant souvent la question