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LA BRESSE CHAL0NNA1SE. 199
ville conservée, comme celle de Bagé-le-Châtel, percée en
croix ; c'est encore une cité où le moyen-âge lutte coura-
geusement contre les alignements modernes, et la froide
monotonie des maisons actuelles. La cité de Louhans offre
un aspect aussi pittoresque que puisse l'être celui d'une
ville située sur le sol peu mouvementé des plaines ; ses alen-
tours sont tout ce qu'on peut concevoir de plus frais et de
plus gracieux, ils regorgent d'ombrages, de vertes prairies;
enceintes de haies et de grands arbres forestiers, de belles
et fortes cultures, baignées par les eaux vivifiantes et amou-
reuses de la Seille, de touffus vergers; ils sont parsemés de
maisons de campagne, de vastes bâtiments d'exploitation
et d'hébergeages ; ils sont éminemment champêtres, sans
toutefois paraître sauvages. — Et puis ; les mœurs calmes,
pieuses et douces de toute cette population d'agriculteurs
qui les habite, un peu lente, mais obstinée et infaliguable
dans ses habitudes de travail, ajoutent singulièrement au
sentiment de bien-être et de paix que l'on éprouve au milieu
de ces suaves paysages. Pour peu que l'on ait de poésie
dans l'ame, on chérira celte contrée où tout porte au re-
cueillement.
Si la ville de Louhans n'est pas riche en monuments
historiques d'une certaine importance, elle offre du moins
une foule de ces curieuses maisons du XVIe siècle, qui, cha-
que jour, tombent dans les cités moins éloignées que celle-
ci des grandes voies de communication, demeures vraiment pit-
toresques et vénérables, à étages progressivement saillants, où
il n'est pas rare de trouver des rinceaux merveilleusement
fouillés, des légendes et des millésimes enfermés dans des
lacs, deux petits anges, aux ailes aiguës et longues, por-
tant un écusson armorié ou chargé d'un monogramme. — Ces
maisons-là , c'est ce qui prouve qu'une ville ne date pas
d'aujourd'hui, c'est ce qui compose le symbole matériel de