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EXCURSION DANS I.E MIDI. 161 à quelques pas de là , et lui montrant dans une rue une petite maison de la plus humble apparence, dont la lune dessinait le pignon pointu. — C'est là , dit-il, qu'est né M. Thiers., l'ancien président des ministres. Vous voyez, mon cher, que Timon ne s'est pas trompé lorsqu'il a dit que « M. Thiers n'a pas élé bercé en ve- nant au monde, sur les genoux d'une duchesse. » - • L e talent et le génie élèvent un homme plus haut que ne pourraient le faire des genoux de duchesse, reprit l'aulre_ — D'accord. Mais combien d'hommes de talent vivraient encore aujourd'hui terre à terre, si l'ambition et l'intrigue n'avaient fait la courte échelle à leur génie? Ce rapide colloque, que j'avais saisi au vol, me divertit beaucoup. Un gros juron provençal du poslillon, l'énergique tron de diou, nous annonça que nous approchions de Marseille. Les chevaux étaient attelés. Nous remontâmes en voiture. La route d'Aix à Marseille n'est pas aussi gracieusement accidentée que celle d'Avignon à Aix. Plus on approche de Marseille, et moins la nature se met en frais pour plaire au voyageur. Bientôt nous traversâmes un pont jeté sur la rivière de l'Arc. Ce lieu est célèbre par la bataille de Marius contre les Teutons, les Cimbres et les Ambrous. Les hauteurs que l'on découvre à dioile et à gauche de la roule furent autant de camps retranchés qui reçurent les populations saisies d'effroi à l'approche des Barbares ravageant tout sur leur pas- sage. La bataille se donna sur les bords mêmes de la rivière. Ainsi cette vallée, maintenant si calme, a relenli du fracas des batailles ; cette eau, que je voyais courir à mes pieds si l i m - pide et si paisible, a élé rougie par le sang de plusieurs mil- liers d'hommes qui y ont trouvé leur tombeau. Les auteurs ne portent pas à moins de deux cent mille le nombre des Barbares exlerminés dans celte bataille. Pluiarque, qui aime assez le merveilleux, ajoute que les Marseillais formèrent li \