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                  EXCURSION DANS LE MIDI.                   157
   Nous fîmes une première halle à Orgon, petite ville dont
l'origine remonte à l'époque de la domination romaine, ainsi
que l'attestent les ruines d'un aqueduc et plusieurs inscrip-
tions trouvées dans les environs. Sur le sommet d'une colline
au pied de laquelle la ville est bâtie, la lune éclairait roman-
liquement d'autres ruines : celle d'un ancien château qui fut
pris, dit o n , par Euric, roi des Wisigoths, lorsqu'il allait
assiéger Arles, et qui fut démoli plus tard par ordre de
Louis XI, dans un mouvement de colère que le roi dévot
fit suivre de patenôtres à Nolre-Dame-d'Embrun ; mais le
château n'en fut pas moins démoli.
   A une époque néfaste de l'histoire contemporaine, Napoléon
courut à Orgon^un grand danger.
    C'était en avril 1814. Un arrêté des Pentarques chargés des
destinées de la France, sous la protection des baïonnettes
russes et prussiennes, avait remplacé les couleurs nationales
par la cocarde blanche. Napoléon trahi venait d'abdiquer.
Deux jours à peine s'élaient écoulés depuis cette scène solen-
nelle et touchante qui eut lieu dans une des cours du châleau
de Fontainebleau, où l'Empereur était descendu, voulant se
retrouver une dernière fois au milieu des compagnons de ses
périls et de sa gloire, et pour une dernière fois presser contre
son cœur le drapeau français et l'aigle impériale qu'ils avaient
promenée victorieuse dans toutes les capitales de l'Europe.
« Cher aigle, avait-il dit, que ces baisers que je te donne re-
« tentissent dans le cœur de tous les braves. » — Et, peu de
moments après, il était parti pour l'île d'Elbe, laissant offi-
ciers et soldats plongés dans une douleur universelle.
   Le voyage de Fontainebleau à la mer fut comme un triom-
phe pour Napoléon, jusqu'aux frontières du Dauphiué et de la
Provence. A Roanne, il dit au maire : « Si je n'avais été irahi
« que quatorze fois par jour, je serais encore sur le trône. »
À Lyon, à Valence, il fut accueilli par les cris de vive VEmpe-
reur ! Mais, auprès d'Avignon,la scène changea de face e l l e
danger devint tellement menaçant, que Napoléon consentit Ã