page suivante »
136 DK L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE une époque de vie pratique et sociale, une ère bienheureuse qui saura unir l'art à la philosophie, et joindre à la théorie la volonté et l'action. La société hégélienne elle-même dont l'activité n'existe qu'en perspective, dont l'influence est res- tée imaginaire, dont l'action pratique a été nulle, ne pourrait guère être citée comme preuve de la venue prochaine de cette période messianique prophétisée par l'historiosophe po- lonais. 11. Immédiatement à côté des hégéliens de Berlin, mais déjà en dehors du cercle de ce qu'on appelle leur école, se place dans la capitale de la Prusse un jeune professenr qui, péné- tré d'une profonde admiration pour les ouvrages de Hegel, animé d'un enthousiasme logique tout semblable, mais con- vaincu néanmoins de l'insuffisance des principes de ce phi- losophe, a entrepris la tâche difficile de les rectifier dans leur base, et de reconstruire à neuf, sur un plan nouveau mais analogue, le système des connaissances philosophiques. Disciple à la fois de Schleiermacher et de Hegel, GEOKGE, connu depuis longtemps dans le monde théologique par un travail intéressant et critique sur les fêtes judaïques, a essayé de réunir, non par juxta position, mais à l'aide d'une combi- naison bien plus intime les théories de ces deux illustres maî- tres. Pour établir son point de départ, ce jeune « privatim do- cens » distingue deux espèces de sceptiques : des sceptiques qui nient l'être, et des sceptiques qui prétendent simplement que nous ne pouvons pas atteindre et comprendre l'être par la pensée. Schleiermacher s'adressant aux premiers et leur