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EXPOSITION DE 1844-1845. 75
qu'il a voulu être le peintre d'une Assomption de la Vierge,
mais il s'est dit, que même en succombant sous une tâche
aussi forte, on pouvait encore montrer beaucoup de science
et de talent. Il est impossible de se figurer que cette Vierge
monte au ciel, elle a plutôt l'air d'en descendre ; les jambes
trop raides, n'indiquent pas du tout le mouvement ascen-
sionnel ; les pieds sont d'une forme et d'une dimension ri-
dicule , les anges calqués sur ceux d'Overbek sont trop
longs et trop secs, et la tête de la Vierge a trop de préten-
tion au raphaelesque. Peu de nerf, peu de chaleur, peu de
couleur. Coupable du crime de lèze-dessin, que M. Janmot
soit condamné à regarder une heure par jour la transfigu-
ration de Raphaël, et puisse le châtiment lui profiter!
Les artistes qui ont excellé dans le genre du portrait,
étaient des peintres d'histoire qui ne croyaient pas avoir
trop de science et trop de génie pour rendre convenable-
ment la ressemblance individuelle et caractéristique d'une
tête humaine. Ceux-là ne s'avisèrent point d'imaginer un
type invariable vers lequel ils ramenèrent les lignes de
toutes figures ; un coloris de convention, une manière ex-
péditive, une sorte de goût dans les accessoires qu'ils re-
produisirent dans chaque portrait, mais ils s'attachèrent Ã
varier, à ennoblir leur style selon les mille variétés qu'offre
la nature. Pour ces maîtres, un portrait était une œuvre
aussi importante qu'un tableau d'histoire. Il n'en est plus
ainsi de nos jours !
L'exposition a plusieurs portraits qui embarrassent la cri-
tique ; celui du D r C. par M. Bachelard, qui nous paraît
inférieur à ceux qu'il exposa l'an dernier ; et ceux de Ma-
demoiselle Chirat, où l'on remarque tous les ans un mérite
de plus, ne nous laissent que le plaisir de les louer. Mais
que dire de celui de M. de Bonald ? Que M. Dupré n'a
pas su tirer de son modèle tout le parti qu'un homme habile