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LA « MARSEILLAISE » DE MAZOYER 4II « Voilà , Français, » dit-il, « voilà le travail digne d'indulgence d'un prolétaire qui n'a d'autre devise que celle de l'illustre fabu- liste romain : Nisi prodest factum, stulta gloria. « Si ce que nous « faisons n'est utile à nos semblables, la gloire est nulle.» Tels sont les sentiments d'un philanthrope zélé, naguère régent, aujourd'hui ouvrier, sans planche certaine de salut, par rapport à nos dissen- sions intestines que je prie l'Éternel de faire disparaître pour tou- jours de notre chère patrie trop longtemps malheureuse. « Je termine, ayant l'honneur de saluer la noble Nation et d'être un de ses fidèles enfants. « MAZOYER, typographe. » Hélas! où sont les festins de Bakhazar des temps passés! Pour l'originalité et l'excentricité, la brochure est digne delà préface. On y trouve de tout. L'auteur va d'une idée à l'autre avec un savoir de professeur qu'il ne sait pas contenir ou plutôt dont il fait montre à tout propos et hors de propos. Le latin l'entraîne. Savoir parler latin est une si haute science que notre bon Mazoyer la met au-dessus de tout, et qu'il cite à l'appui l'exemple de son frère qui, en 1813, lui dut son salut et celui de ses frères d'armes. Cet épisode est à citer. « Chaque possesseur de ce Vademecum, » dit-il, « l'ayant avec lui, en campagne, en promenade, en voyage, sur terre et sur mer, en temps de guerre, principalement en captivité dans les pays étrangers même les plus éloignés, pourra dire alors, non pas comme Bias : Omnia mecum porto, je porte tout avec moi, car il n'est pas donné à chaque particulier de tout porter, je veux dire d'avoir la science et la vertu ; mais il pourra tenir le même langage que tenait un de mes frères à ses compagnons d'infortune, lorsque, de la Bérésina, il était envoyé dans le fond de la Sibérie avec une foule d'autres Français : Sodales! leur disait-il dans cette langue latine qui devait les sauver, nihil timentes simus. Nobis surit multa! — « Camarades, ne « craignons rien; nous avons beaucoup avec nous. » Or ce beau-