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LA « MARSEILLAISE »
                             de Ma^oyer.


                                    i

                 LUS encore que les livres, les hommes ont leur destin
                  fatal, imprévu, déconcertant toute sagesse et vous
                  jetant aux gémonies ou au capitole, à l'oubli, à la
                  honte ou à la gloire, sans que, bien souvent, on
                  ait mérité la place, haute ou basse, où une fortune
                  railleuse vous a lancé.

           Peut-être qu'un Virgile, un Cicéron sauvage
           Est chantre de paroisse, ou juge de village.

   Un héros va être couronné. Les trompettes sonnent. Peut-être
doit-il simplement son triomphe à un cheval rétif qui l'a jeté malgré
lui dans la mêlée, d'où il est revenu pâle, tremblant, terrifié mais
victorieux.
   Peut-être un poète, mâle et vaillant génie, passe-t-il sa jeunesse
à auner de la cotonnade et de la toile dans une ville de province,
avec le manuscrit d'un poème épique dans son tiroir. Nous con-
naissons un Lyonnais dans ce cas là.
   Peut-être un homme d'Etat doit-il sa position au nom de son
          N° 60. - Décembre 1885.                           26