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224                      LA REVUE LYONNAISE

      Tu t'éclipses!... soudain les peuples dépérissent.
      Des nobles actions les sources se tarissent.
      Le sordide intérêt gouverne, inspire tout.
      On parle du progrès sans en avoir le goût.
      On doit tout rénover, puis il faut tout détruire.
      C'est la nuit; on ne voit bientôt plus d'astre y luire.
      On veut vivre et jouir pendant qu'on est vivant.
      Tout le reste paraît frivole et décevant.
      De l'ègoïsme même on épuise les fièvres.
      Un jour, l'aridité de tout vous monte aux lèvres.
      Fanfaron du néant que la mort fait pâlir,
      Lassé d'être, on ne peut se résoudre à finir.
      Les lois, les mœurs, les arts sur cette pente roulent,
      Et dans l'abaissement les vieux états s'écroulent.


      Mais le dieu qui soupire au fond du cœur humain,
      S'il se tait aujourd'hui, s'insurgera demain.
      Viennent de la douleur les recueillements sombres,
      Les guerres entassant cadavres et décombres,
      Vienne l'heure d'épreuve, et le peuple oublieux
      Entend de l'idéal l'appel mystérieux.
      De l'avilissement il déchire les toiles,
      Et l'on voit rejaillir cette boue en étoiles!


                                  IV


      France, l'humanité souffre de tes sommeils.
      Mais quel éclat superbe entoure tes réveils !
      C'est lorsque l'on te voit au plus bas descendue,
      Quand ta force s'épuise et qu'on te croit perdue
      Que tu conquiers la terre, et que tu resplendis !
      Dans ce désert brûlant, luttant un contre dix,
      Les soldats de Kléber tombés dans la bataille
      Saluaient ton drapeau tout criblé de mitraille,