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i66                      LA REVUE LYONNAISE

suivre aveuglément, mais pour l'époque de la création des poypes
seulement. Quant à leur usage, nous faisons nos réserves. Nous
nous expliquons.
   Ce travail, dit notre auteur, fut fait dans les temps préhistoriques,
à l'âge de pierre, probablement, dans le but de mettre les tribus
sauvages, campées dans les marécages de la Dombes et de la Bresse,
à l'abri de l'humidité, qui eût été malsaine et dangereuse pour ces
familles peu vêtues et mal abritées. Dans cette hypothèse, on ne
trouverait des poypes que dans les bas fonds, et chacune d'elles eût
porté une habitation, un gourbi. Mais la poype de Saint-André de
Corcy, devant laquelle passe le chemin de fer de Lyon à Bourg, et
qui est une des plus connues de la province, offre un cône tellement
élancé, elle a une crête si escarpée, si étroite et si rétrécie qu'on n'eût
pu y accrocher la moindre cabane. D'ailleurs, quelle eût été la vie
d'une famille, sur ce pain de sucre, d'où à chaque instant du jour il
 eût fallu descendre pour aller aux provisions, puis où il eût fallu
remonter avec du gibier, de l'eau ou du bois? La chose n'était pas
 possible.
   Puis encore, nous l'avons dit, ces poypes sont assises dans toutes
les directions, à toutes les hauteurs, sur des pentes, sur des sommets,
 comme dans des dépressions humides, et si, dans un marécage, une
 habitation eût été plus saine au sommet d'un tertre qu'au niveau
 des joncs et des glaïeuls, la peine énorme qu'on eût prise en creu-
 sant un vaste fossé circulaire et en amoncelant la terre au centre de
 cette circonférence, eût lassé une simple famille abandonnée à ses
 seules forces, et ne lui eût pas donné les avantages qu'elle eût trouvés
 en s'établissant un peu plus loin, sur un terrain moins bas, par consé-
 quent plus sec et plus sain.
   Nos bons ancêtres connaissaient trop le prix du travail pour le
prodiguer, quand ce n'était pas nécessaire.
   Mais alors, à quoi servaient donc ces poypes dont nous montrons
si bien à quoi elles ne servaient pas?
   Si nous n'osons le dire de toutes, nous pouvons le dire certaine-
ment de l'une d'elles.
   Une des plus riches et des plus riantes vallées de la Bresse es