Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           %EVUE CRITIQUE
                                          DES


             LIVRES                     NOUVEAUX

OLIVIER DE MAGNY. Etude biographique et littéraire, par M. Jules FAVRE, pro-
 fesseur au lycée Henri IV. —Paris. Garnier frères, éditeurs. 1885. — In-8°.

   Consacrer à un poète de deuxième ou de troisième ordre 450 pages d'un in-8°
est toujours, ce me semble, une entreprise hardie. Elle devient absolument péril-
leuse, quand plus de trois siècles d'indifférence, presque d'oubli, ont passé sur le
nom de ce poète. L'auteur qui l'entreprend se trouve fatalement porté à grossir
des événements, et à exagérer des mérites dont l'éloignement au contraire a dimi-
nué l'importance et l'intérêt ; car il faut qu'il trouve matière à écrire ; et, quand il
a écrit, il est exposé au reproche pénible d'avoir dépensé plus d'érudition et de
peine que n'en méritait son sujet.
   Cette critique, que quelques-uns déjà lui ont adressée, M. Jules Favre l'avait
prévue, en écrivant sur Olivier de Magny la thèse qu'il vient- de présenter à la
Faculté de Paris, et c'est, sans doute, pour y répondre à l'avance qu'il rappelle,
dans son introduction, en quelle rare estime Sainte-Beuve tenait son héros. Mais
ce qui défend son travail, mieux encore que la protection posthume du grand
critique, derrière l'opinion duquel il semble chercher à s'abriter, c'est la manière
même dont il l'a exécuté.

    Tout jeune encore, en 1547, Olivier de Magny avait quitté son pays natal, le
 Quercy, oùj après la mort de sa mère, aucune affection de famille ne paraît plus
 l'avoir retenu. Il était arrivé à Paris, inconnu, peu fortuné, sans autres appuis
 qu'une lettre de recommandation de l'évêque de Cahors pour l'abbé de Saint-
 Chéron, sans autres armes pour réussir que son grand amour des lettres et la foi
 dans son avenir. Il reste en dehors de la Pléiade, mais quatre recueils de poésies
publiés coup sur coup, de 1553 à 1559, ^es Amours, les Gayete^, les Souspirs et
les Odes, le font marcher de pair avec ses membres les plus célèbres. Ronsard, en
saluant son premier ouvrage, l'Hymne sur la naissance de madame Marguerite de
France, lui avait assuré l'immortalité. Baïf et Rémi Belleau le proclament le
favori des Muses. Du Bellay se lie avec lui d'une étroite amitié. Puis tout à coup,
en pleine jeunesse, en pleine fécondité, la mort le frappe (1561) ; et aussitôt le
silence se fait autour de son nom, naguère acclamé, et il n'a même pas les