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                              SAINT-JEAN                            345

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   La participation de Saint-Jean à l'Exposition universelle des pro-
duits de Findustrie à Londres, en 1851, était un fait peu connu. Elle
a été glorieuse pour lui, et mon ami fut très fier et très heureux de
se montrer à Londres, et comme peintre en pleine possession de la
renommée, et comme inspirateur des dessinateurs et des fabricants
lyonnais. Son séjour à Londres l'habitua à observer un horizon plus
large, et la fermeté avec laquelle il exprima en plus d'une occasion
le vif sentiment qu'il avait de la nécessité de plus grands efforts eut
pour résultat de le faire appeler dans le sein du Jury de l'Exposition
universelle de 1855. Oui, Saint-Jean fut membre du Jury de l'in-
dustrie de la soie.
   Là encore, il éleva la voix. « Nos dessinateurs, » a-t-il dit dans son
rapport, « vivent un peu trop sur les matériaux du passé, et ne se
retrempent pas assez dans l'étude si riche, si brillante, si variée, que
leur offre la nature... » Il y avait quelque hardiesse à reconnaître,
d'une part, qu'il était difficile d'obtenir toujours de nos dessinateurs
« l'originalité, la correction, le fini, qu'on trouve dans les étoffes
du dernier siècle; » d'autre part, que l'organisation de l'École de
Saint-Pierre attendait « certaines modifications et certains dévelop-
pements. »
   Saint-Jean n'a donc pas toujours été aussi renfermé dans son art
qu'on l'a montré. Il ne s'est pas désintéressé du cours des choses
dans la manufacture des soieries de Lyon. Il était inquiet de son
avenir, impatient de voir chercher et appliquer les moyens de lui
faire acquérir plus de force. Il suggérait dans ce but les entreprises
les plus diverses. C'est rendre encore honneur à sa mémoire que
de le montrer sous ce nouveau jour.

                                                Natalis   RONDOT.