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LA 344 REVUE LYONNAISE Et songeant à ce triomphe en 1851, qu'il avait vu de si près, il s'est écrié : « Le vainqueur se repose souvent sur son triomphe, pendant que le vaincu travaille sans relâche... Songeons à nous prémunir contre, les dangers de l'avenir... » Saint-Jean voyait si clairement le péril lointain qu'il a insisté plus qu'il n'était dans son tempérament de le faire : « Il est bien évident, » a-t-il ajouté, « que nous ne suivons pas une marche progressive, il s'en faut de beaucoup. L'avenir le prouvera mieux que tout ce que je pourrais dire à ce sujet... Ne pourrait-on pas désirer que tous ceux qui sont liés par leurs intérêts à cette immense industrie lyonnaise, ou qui ont un sentiment de nationa- lité dans le cœur, ne perdissent pas de vue les efforts de nos voisins? ... Que pourrait craindre Lyon'si Lyon le voulait? Une ville de trois cent mille âmes qui compte tant de grandes fortunes, peut tout faire. Elle est presque une nation, puisqu'il y a unité. Qu'elle y songe donc, il y va de sa gloire et de son avenir... « Espérons que, dans un jour prochain, réunissant dans son sein tous les éléments de progrès nécessaires au développement de notre génie industriel, Lyon n'aura plus rien à redouter des rivalités étrangères. » Saint-Jean parlait de la sorte, il y a trente ans. Plus d'une fois, depuis lors, il était près du terme de sa vie, il a manifesté son anxiété à la vue de l'envahissement continu des champs du travail par les nations étrangères, dans un temps où cependant cet envahis- sement était lent. Tant d'avertissements ne furent pas entendus.