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326 LA REVUE LYONNAISE naises. Je ne dis pas qu'elles ne soient pas très bien, mais je conçois que tu les trouves un peu cafies. Ensuite, quand elles vieillissent, cela fait en partie toutes des catolles. — J'ai résolu de te marier à une Parisienne. Rien que cela'. Coquin de Lustucru ! — Seulement, tu comprends que tu n'es pas assez bien gauné pour une Pari- sienne, et quand tu montes à cheval, tu ressembles trop à une paire de tenailles sur le cul d'un chien. A partir de demain, je te ferai prendre des leçons de danse chez le père Leroy, en rue de la Gerbe, et des leçons d'équitation chez le père Colin, aux Brotteaux. Non, le père Leroy n'est pas encore assez distingué; je te mènerai chez M. Desforges. Tâche moyen d'en bien profiter. Je te ferai habiller par le premier tailleur, et dans six mois, quand tu seras tout à fait passé au polissoir, je te mènerai à Paris, et là , nous t'établi- rons comme il convient à la fortune que j'entends te laisser. Et fait comme dit. * * * Six mois écoulés, sans être un dandy, comme on disait alors, j'étais passé au polissoir. En somme, présentable. Mon oncle Cadet me mena à Paris, où il me fit faire la connaissance de M. de Riche- pertuis, homme du monde le plus comme il faut, et qui avait une fille idoine au convolât. Pour que les jeunes gens pussent lier partie, il fut discrètement convenu que nous irions à une chasse dans la propriété que M. de Richepertuis possédait à Palaiseau. Et comme Palaiseau est assez loin de Paris, nous irions la veille et nous cou- cherions chez mon beau-père, mon beau-père futur, veux-je dire. * * * Je fus ébloui par la vue de M"e Hildegarde de Richepertuis. Elle non plus n'avait pas de mère, et il était impossible de faire avec plus de grâce les honneurs de la maison. C'était une blonde au teint de lait, regard doux et profond, qui faisait le plus piquant contraste avec une certaine assurance dans la démarche et dans la parole. Au sou-