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250 LA REVUE LYONNAISE quitter le royaume. La malheureuse chanoinesse reçut seulement mille thalers, avant de se rembarquer. Gebhard Truschess n'avait pas encore perdu tout espoir de recou- vrer ses états; et la crainte qu'il avait de ne pouvoir résider ni en Hollande ni en Angleterre accroissait encore le désir qu'il en avait. Deux aventuriers néerlandais, initiés à l'art de la guerre par Alexandre Farnèse, mais dégoûtés de servir l'Espagne qui ne leur avait pas accordé l'avancement sur lequel ils comptaient, Martin Schenk de Niedeck et Hermann-Frédéric Kloot, (1) relevèrent en Allemagne le drapeau de l'électeur. Schenk construisit, sur les bords du Rhin, une forteresse qui reçut le nom de Schenkenschanze, et Kloot, aidé par Nuenar, s'empara de Neuss (10 mai 1585). En pos- session de diverses places fortes, surtout de Neuss et de Rheinberg, Schenk, Kloot et Nuenar se mirent à ravager l'électorat. Le bio- graphe Barthold, comme s'il était possible de les excuser, nous dit qu'ils vengeaient ainsi sur les malheureux habitants l'acharnement catholique du Chapitre de Cologne. (2) Un jour, le 3 juillet 1585, quatre cents personnes se rendaient du village de Berokem au marché de Cologne. Surprises par les partisans de Truchsess, trois cents d'entre elles furent massacrées. Il y avait dans ce nombre des enfants à la mamelle. La terreur se répandit dans l'électorat. L'archevêque Ernest lui- même songeait à s'enfuir en Bavière. Le nonce du pape l'en empê- cha. Les Espagnols seuls pouvaient le sauver. Ce fut pour cela que l'archevêque se rendit sous un déguisement à Bruxelles, afin de prier le duc de Parme de venir à son secours et d'enlever à ses ennemis la place de Neuss, leur principale forteresse. Pour décider Farnèse, le pape Sixte-Quint lui envoya le chapeau et l'épée consacrés, comme à un général partant pour la croisade. Le duc de Parme quitta Bruxelles, à la tête de 18.000 hommes, et" vint assiéger Neuss. Neuss était alors une importante place de guerre, dont Kloot avait encore accru les fortifications. La bourgeoisie en était protes- (1) Hennés écrit : « Cloedt » (152). (2) Barthold, 77.